204# Reprendre le pouvoir pour vivre mieux

Quand la majorité ne l’emporte plus

Dans ce podcast, je vais vous donner des outils pour reprendre le pouvoir pour vivre mieux. Nous le ferons en quatre étapes. 

  1. Pourquoi notre cerveau opte pour une focalisation aussi puissante
  2. Comment s’y prend-il pour focaliser ainsi ? 
  3. Quelle importance de replacer les choses à une échelle déterminée ?
  4. Outils et exercices pour vivre le « zoom out »

1. Pourquoi notre cerveau opte-t-il pour la minorité ?

La plupart du temps, quand on interroge les gens, ils sont favorables à la majorité. C’est généralement elle qui a raison et on tient à l’entendre. Nous y sommes habitués, d’autant que notre système électoral français insiste sur ce point. Il est donc évident, dans la conscience générale, que la majorité l’emporte.

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La majorité sociale

Si je sors de ce contexte politique et que je me penche sur nos relations amicales, dans le cadre d’une sortie, pour aller au resto, par exemple, quelle place sera donnée à la majorité ? Supposons que quelqu’un demande « vous préférez aller au resto ou au cinéma ? » on optera, dans ce cas-là, pour l’option majoritaire.

Si l’on veut partir en vacances en famille et que l’on hésite entre mer et montagne, c’est la majorité qui l’emportera ! Il sera très rare, voire exceptionnel, que l’on pense que, si l’un des quatre membres de la famille veut aller à la montagne, alors que les autres veulent aller à la mer, on se rende à la montagne. Ce n’est pas si idiot que ça, ceci étant. Cela veut dire que l’on intègrera d’autres paramètres que la seule notion majoritaire. Seulement, la plupart du temps, notre tendance nous conduit a préférer basculer vers la majorité. Pourquoi ? Parce que notre environnement général se fonde sur la majorité. Mais ce n’est pas ainsi dans tous les cas. 

La minorité sociale

Je peux mentionner l’analyse effectuée par certains sociologues et philosophe. Elle a donné naissance à ce que l’on appelle « Le « wokisme », utilisé au départ pour désigner la lutte antiraciste des Afro-Américains. Il s’est inscrit par la suite comme discours des sphères militantes pour dénoncer toutes formes d’injustices (sexuelles, ethniques ou religieuses) subies par les minorités. Pour le philosophe Michel Onfray, invité du Grand rendez-vous sur Europe 1, la pensée « woke » tend vers une « destruction de la culture », engendrée par une « tyrannie » de ces mêmes minorités. » 

La tyrannie n’est pas forcément dans la majorité, elle peut se lover dans la minorité. C’est ce qu’évoque l’expression de la « pensée woke » qui signifie « être éveillé » en anglais, comme l’explique le dictionnaire Merrian-Webster. Mais il s’agit d’un éveil dans lequel il« est conscient et activement attentif aux faits et questions de société importants» (traduit par mes soins).

Quand la minorité l’emporte

On est généralement acquis à la cause en se disant qu’en politique, c’est la majorité qui l’emporte. D’ailleurs, si vous n’êtes pas d’accord, ça ne changera rien à la réalité politique et ce n’est pas près de changer ! En même temps, on est d’accord pour accepter que ce n’est pas la majorité qui l’emporte. D’ailleurs, dans notre vie, ce n’est pas systématiquement la majorité qui l’emporte également. 

À ce sujet, je pourrais convoquer la science dans laquelle on ne considère pas du tout le vote de la majorité des scientifiques pour prendre une direction (sauf pour la COVID-19 :-). C’est bien souvent la minorité qui l’emporte, pour ne pas dire l’exclusivité, l’unique expérience concluante qui, bien souvent, va à l’encontre d’un acquis installé depuis des décennies, voire des siècles. En sciences, on ne considère pas la minorité ou la majorité. C’est la vérité qui l’emporte (ou est censée l’emporter quand des intérêts parasites ne viennent pas brouiller l’intention de la recherche). Qu’en est-il de notre vie ?

Si notre cerveau opte pour la minorité, c’est parce qu’il n’en a rien à faire de l’avis de la majorité. Il met aisément de côté les pressions sociales (comme l’exemple du cinéma ou du restaurant évoqué tout à l’heure). Il serait plus juste d’affirmer que nous avons tendance à opter pour la minorité avec des conséquences qui ne sont pas des moindres. En effet, cette option récurrente participe à brouiller ou fortifier l’ensemble de notre paysage.

Un exemple imaginaire à la Sorbonne

Utilisons une image pour visualiser ce qu’est une option majoritaire et, à l’inverse, une option minoritaire.

Imaginez que je me trouve dans l’Amphithéâtre de la Sorbonne, l’université française la plus célèbre du monde. Il s’y trouve 935 personnes, capacité maximale des lieux en comptant les places proposées dans l’hémicycle, sur le parterre et dans les tribunes. 

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La main levée visant la majorité, le plan large

Allons, plus loin dans l’imagination, supposant que, sur le perchoir, il me soit donné de poser une question à laquelle les personnes présentes sont invitées à répondre à ma levée. Plus on voit de mains dans la salle, en considérant que les personnes sont des anonymes, et plus on sera en mesure de déterminer une majorité. « Quels sont ceux qui sont d’accord pour prendre telle décision ?» entraînera la levée d’une nuée de mains. On procèdera au décomptage des mains qui ne se sont pas levées, ou, avec un balayage visuel, on estimera la majorité. 

La main levée visant la minorité, le plan serré

À quoi, ressemblerait un vote minoritaire, toujours dans ce même lieu, avec ces centaines de personnes ? Ajoutons un paramètre. 

Supposons que, parmi ces centaines de personnes, je place une de mes filles. Vous comprenez qu’une certaine charge émotionnelle y sera attachée vu la relation filiale, affectueuse. Par conséquent, si je pose la question à l’assemblée avec, au fond de moi, une aspiration naturelle à prendre parti pour mon enfant, en cherchant à la satisfaire à l’issue du vote, mon regard sur l’issue du scrutin, comme sur la position de mon enfant, entraînera une modification de ma perception de l’événement. 

Si je reprends le même exemple de la consultation d’un l’assemblée et que je demande « que ceux qui sont en faveur de telle direction lèvent la main » quelque chose se jouera au fond de moi. Une chose qui ne s’est pas jouée lors du vote précédent dans lequel j’avais tendance à balayer l’ensemble de la salle. Là, j’utiliserai une sorte de téléobjectifs avec lequel je ferai un zoom sur ma fille en me demandant ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, quelle est sa position.

Vous comprenez que je suis en train d’opter pour un vote minoritaire. Finalement, le vote de l’assemblée passera en second plan puisque j’ai décidé de focaliser mon attention sur mon enfant.

Si le vote majoritaire l’emportait, je pourrais être très mal à supposer que mon enfant n’ait pas levé la main dans le sens de la majorité. À l’inverse, si mon enfant a levé la main dans le vote majoritaire, je pourrais peut-être ressentir un soulagement, une satisfaction.

Définissons le vote minoritaire 

Vous avez compris mon explication sur ce qu’est le vote minoritaire. Il s’agit d’une focalisation portée sur une pensée ou une émotion minoritaire. En ce sens, l’avis des autres importe peu. On n’en a rien à faire de ce qui se passe autour. Et en évoquant cet aspect, je commence à répondre à la deuxième question.

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2. Comment focalise-t-on sur la minorité ?

On le fait à partir de plusieurs facteurs. Le premier est le facteur émotionnel. Je le place en tout premier plan parce que, comme je l’ai déjà expliqué, la focalisation minoritaire générée par le cerveau émotionnel (sachant que cette expression « cerveau émotionnel » n’a rien de neuroscientifique. Accueillez-le comme une image pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau). C’est cet aspect de notre cerveau qui déterminera une échelle d’intensité à partir de nos émotions relatives à nos croyances.

Pour ne perdre personne en route, je rappelle le processus suivant. Nous fonctionnons en partant des valeurs, en suivant les étapes suivantes : croyances > pensées > émotions > actions.

Notre focalisation minoritaire est donc l’illustration de la présence d’une réalité ancrée en nous, dans nos croyances et nos pensées.

La chute en sortant du bus

Voici un exemple de mise en situation sur le fonctionnement lié à une croyance et à une pensée relative à une focalisation minoritaire.

Imaginons que je me retrouve dans le bus, et qu’au moment où j’en descends, je m’emmêle les pieds et commence à tomber. Je me rattrape in extremis. Je sens monter en moi une émotion que je ne sais pas qualifier sur l’instant. Mes ressentis corporels me signalent une bouffée de chaleur avec une envie de disparaitre. Je sens une moiteur poindre dans mes mains. 

Le zoom in

Vous saisissez que j’ai fait un zoom très fort sur mes ressentis corporels et émotionnels qui, au passage, se manifestent quasiment sans décalage. C’est de l’ordre de la milliseconde. Ce faisant, je vis l’instant en oubliant tout ce qui se passe autour. En tentant de sauver ma peau, je suis centré sur moi, sur ma subsistance, mon existence, ma valeur, mon image de moi, mon estime de moi, ma place dans la société, mon risque de rejet, ma peur d’être critiqué, ridiculisé, humilié, etc. Je suis dans cette centration maximale.

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Photo by Jakob Scholz on Pexels.com

Si j’avais vécu cet événement complètement, autrement, en focalisant mon attention sur autre chose, ce pourrait être sur le défait réglementaire de la marche du bus. Je pourrais également focaliser mon attention sur la capacité des occupants du bus, à regarder la situation avec bienveillance, à supposer que j’ai entendu quelques rires. J’aurais pu centrer mon attention sur autre chose et, par conséquent, vivre mon expérience de manière complètement différente.

Application pratique : On peut donc prendre conscience que l’on est capable de procéder à une élection spécifique dans un contexte dans lequel il était tout à fait possible d’élire un autre sujet, autre chose, une autre émotion, un autre événement. Pourquoi celui-ci ? C’est là qu’il est intéressant de s’interroger pour commencer à apprendre à se comprendre, apprendre à s’apprendre. D’ailleurs, cette question introduit parfaitement la troisième partie dans laquelle je vais m’arrêter sur l’importance de la minorité. 

3. Quelle importance de replacer les choses à une échelle déterminée ?

Qu’est-ce que je veux dire de moi, de mon besoin ?

L’importance que nous attribuons à un événement ou à un ressenti émotionnel peut illustrer notre intérieur, notre for intérieur, notre réalité profonde, en termes de vouloir dire. Que veut-on dire quand on focalise ainsi sur une chose minoritaire ?

Si je prends un appareil photo, avec un objectif que l’on appelle macro, il peut s’avérer nécessaire que je recule pour prendre certaines photos. L’objectif macro a été conçu pour regarder les choses de très très près. Si l’on veut voir les choses sous un autre angle, un choix nécessaire consiste à changer d’objectif ! Le fait d’avoir choisi de mettre le zoom sur une situation ou sur un ressenti veut dire quelque chose ? Qu’est-ce que je veux dire ?

Par exemple, je peux vouloir  dire que j’ai besoin de travailler sur une dimension en particulier. Je ne suis pas complètement conscient, tout en l’étant partiellement. Je sais être sur un terrain sur lequel je risque de souffrir, de me malmener, moi-même comme je l’ai fait en sortant du bus. Elle ne s’est pas si mal finie que cela, mais je peux l’avoir très très mal vécue tout de même, sur le plan intérieur.

C’est possible au travail ou en famille. Un conjoint peut dire « j’en ai marre que tu fasses ça. Je n’aime pas ta façon de me parler devant les enfants ». Pourquoi ce zoom sur les enfants ? Qu’est-ce que ça changerait si les enfants n’étaient pas présents ?

En termes de vouloir dire, la faculté que nous avons à faire un zoom très puissant, en travaillant sur un objectif macro, veut dire quelque chose. À chaque fois, vous percevez avoir chaussé votre objectif macro en focalisant votre attention sur un élément, apprenez. Interrogez-vous pour savoir ce que vous avez voulu dire. Pourquoi avez-vous agi ainsi ? Pourquoi fonctionnez-vous de cette manière-là ?

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Vue avec un objectif macro – Photo by Pixabay on Pexels.com

Ignorez la majorité, restez centré sur vous

Ne prêtez pas attention aux gens qui vous disent « oh ! Tu t’arrêtes sur des détails. Ce sont des chicaneries. Ce n’est pas si important que ça ». Si vous focalisez en utilisant un zoom in sur quelque chose, c’est que c’est important pour vous. Il n’est pas question de savoir si c’est important pour les autres. Ça importe peu.

Que la main levée de ma fille, dans l’auditorium de la Sorbonne soit importante, est tout à fait normale en ce qui me concerne. C’est normal pour moi, pas pour les autres. Il s’agit de ma fille, pas de la leur. De plus, ils ne savent pas quelle relation j’entretiens avec elle. C’est la même chose quand je ressens des émotions de joie particulière, si quelqu’un me dit. « je ne comprends pas pourquoi tu te réjouis comme ça ! », je n’en ai rien à faire. 

Restez égocentré. Ce qui compte, c’est votre perception, votre vécu. On n’invite pas les autres à voter pour dire « nous trouvons tout à fait légitime que Monsieur ou Madame ressentent telle charge émotionnelle face à tel événement…». Qu’il s’agisse d’un événement de joie, de tristesse, de honte ou de peur, on s’en moque. Focalisez votre attention sur votre vouloir dire. Cherchez à comprendre ce que vous voulez dire. Pourquoi vivez-vous les choses ainsi et que pouvez-vous en apprendre ?

Allons tout droit vers la quatrième partie qui consiste à continuer à prendre conscience d’avoir chaussé l’objectif macro et d’opter pour le recadrage.

4. Outils et exercices pour vivre le zoom out 

L’essentiel de l’exercice que je vais vous demander de faire maintenant est d’opter pour le recadrage. Cela voudra dire qu’il s’agira d’enlever votre objectif macro, dans un premier temps. 

Vivre en conscience devient nécessaire

Certes, on est pas forcément conscient de l’avoir installé. Le gros avantage, avec un objectif macro, c’est que quand on prend un objet ou un sujet, telle une fleur, on voit les détails. On peut percevoir les pistils, le grain et les cils de la surface d’un pétale. Quand on prend un visage en photo, on peut apercevoir les pores de la peau comme si on pouvait en voir sortir une gouttelette de transpiration ou un poil.

C’est excellent pour certaines œuvres d’art et certains moments de la vie, mais on ne peut pas focaliser en permanence sur des détails, comme si on regardait la vie avec un objectif macro. Dans l’essentiel de nos journées, nous avons besoin de déposer l’objectif macro pour adopter un objectif de 50 mm ou 80 mm. 

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Photo by eberhard grossgasteiger on Pexels.com

Choisir un objectif adapté

Ceux qui ne connaissent pas les photographies ne savent peut-être pas de quoi je parle. Je précise donc qu’avec un objectif de 50 mm, il est possible d’avoir un grand angle. C’est très intéressant pour une photoportrait quand on veut jouer sur certains aspects de profondeur, mais quoi qu’il en soit, on peut avoir un grand-angle avec un tel objectif. Ce n’est pas possible avec un objectif macro. S’il vous plait, au quotidien, optez pour un objectif qui permet de vivre avec un grand angle.

Reprenons la scène de ma sortie du bus. Si je regarde les choses sous un grand angle, je peux voir, diminuer ma charge émotionnelle ou la voir disparaître. Pourquoi ? Parce que je peux prendre conscience que ce que je vis est un événement minoritaire dans un ensemble. Il se passe beaucoup de choses autour de mon incident hyper limité dans le temps et sans réel dommage. 

La liste d’hypothèses d’un grand angle

Peut-être que, juste à côté de ce bus, quelqu’un a manqué de se faire écraser. Peut-être que je n’ai pas entendu un oiseau qui chantait à côté. Je peux aux émettre l’hypothèse que je n’ai pas vu une connaissance qui passait par là. Peut-être que personne ne se moquait de moi dans le bus et que la totalité de ses occupants a vécu la situation avec bienveillance et compassion. Certains se sont souciés de mon état. Peut-être qu’il y a tout cela et que tout ceci a été gommé parce que je l’ignore (avant tout) et que je n’ai chaussé que mon objectif macro ! Sortez de votre mode macro et chaussez un 50 mm ou un 80 mm pour regarder les choses sous un grand angle.

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Parfois, quand on est en pleine difficulté. On a l’impression qu’il n’y a qu’elle qui existe. On s’est pris la tête avec son pote. ça ne va pas du tout avec son patron. ça ne se passe pas bien au boulot et on a l’impression que le problème occupe une place énorme, que notre vie se trouve suspendue à cet événement-là, à ce moment difficile et à ce ressenti. 

« Mon patron et moi, ça ne passe pas » et je me traîne ça pendant un jour, deux jours, quinze jours, trois mois, en vivant une focalisation avec cet élément minoritaire. Par conséquent, je peux oublier de regarder que la relation avec mes enfants est excellente, que mon conjoint et moi nous entendons bien, que j’ai des amis sur lesquels je peux compter, que je peux aller au cours de tennis ou à mon match de basket, etc. Il nous est difficile de voir ces aspects-là quand on a chaussé son objectif macro toute une journée ou des mois entiers.

Mon témoignage en transparence

Je peux en témoigner par le travail sur moi qui m’a permis d’évoluer avec le temps, l’application et l’entraînement. Depuis de nombreuses années, maintenant, quand je me sens blessé, déçu, frustré ou en colère, je peux prendre moins longtemps qu’il y a 10 ou 15 ans pour enlever mon objectif macro. Je trouvais très difficile de transporter avec moi une rumination que je regardais régulièrement à la loupe. C’était comme si tout était suspendu à cet événement, « Quelqu’un m’a dit que… » ou « Quelqu’un à fait ça ». Je peux en parler, aujourd’hui, en termes de libération.

Quand survient le déclic

Il n’empêche que je constate qu’il m’arrive parfois de chausser mon objectif macro et de ne m’en rendre compte qu’une fois dans un événement précis. Alors, vient le déclic. Je me dis alors « Pascal, enlève cet objectif. Dépose-le et chausse le 50 mm ou, au moins, le 80 mm pour commencer à regarder les choses autrement ». Sans cela, je peux passer des jours à focaliser sur « il m’a dit ça… ». 

A qui est adressée la facture ?

Entre nous, qui souffre le plus ? Vous qui gardez votre objectif macro en focalisant votre attention sur l’événement, les ressentis corporels, les émotions où est-ce la personne qui vous a posé un lapin ou qui a dit une parole qui vous a paru blessante ? Il y a de grandes chances que ce soit vous qui souffriez. En tout cas, sur le plan rationnel, il n’est pas possible de savoir comment l’autre personne vit la situation. Mais si vous êtes là à lire cet article, il y a de grandes chances que vous soyez en mesure de percevoir que vous en souffrir. Le but est que ça ne vous arrive plus. Que vous puissiez vous libérer de ce boulet que vous avez vous-même attaché à votre pied et qui fait que vous avez de la peine à marcher.

Je voudrais que vous marchiez légèrement, tranquillement, en reprenant le pouvoir pour vivre mieux

Exercice : on passe à l’action

L’exercice que je vous propose est donc d’utiliser le zoom out, de changer d’objectif pour chausser un 50 mm ou un 80 mm. Faites-le en suivant ces quatre étapes :

La première étape : s’interroger.

Cette première démarche consiste à s’interroger sur la raison pour laquelle on a chaussé l’objectif macro. Pourquoi ai-je eu besoin de regarder la situation de si près en ne voyant que cet aspect-là ? 

Je rappelle qu’il y a des avantages à l’objectif macro. On voit les détails, de la finesse, du grain, des choses invisibles à l’œil nu. OK ! En même temps, je suis conscient qu’il y a des inconvénients avec un objectif macro. Quand je prends une photo de très près et que je perçois les détails d’une coccinelle devant mon objectif, je ne sais pas ce qui se passe autour. Quelque part, pour pousser le trait avec un peu d’ironie, pendant que je focalise mon attention sur les détails de la coccinelle, je peux me faire bouffer par un ours parce que je ne sais pas ce qui se passe autour de moi. Je ne le vois plus. 

Pourquoi ai-je eu besoin de chausser mon objectif macro ? La réponse se trouve dans mes croyances et mes pensées. C’est en (re)lisant mes « Je crois que… » et « Je pense que… » que je déterminerai ma facilité à m’équiper de mon objectif macro de manière naturelle. Il nous appartient d’aller fouiner dans nos pensées et nos croyances, pour savoir ce que nous pensons, ce que nous croyons.

Quelques croyances nourrissant le besoin d’un objectif macro

  • Je pense que je ne veux rien
  • Je pense que je suis maladroit
  • Je pense que les humains sont moqueurs
  • Je pense que les autres ne font pas confiance.
  • Je crois que je ne mérite pas d’être aimé.
  • Je pense que c’est normal qu’on se moque de moi
  • Je me trouve gauche
  • Je ne suis pas à la hauteur
  • Je ne suis pas aussi bon que les autres
  • Etc.

Ces manières de penser expliquent les raisons pour lesquelles nous chaussons tel ou tel objectif. Je voudrais que vous sachiez l’identifier en vous disant « je sais avoir chaussé cet objectif macro parce que c’est une relation avec CETTE croyance et/ou CETTE pensée.

La deuxième étape : le bénéfice

Dans cette étape, nous irons chercher le bénéfice que nous a procuré le fait de chausser l’objectif macro. Quels sont les avantages que me procure l’utilisation de cet objectif-là ? 

Parfois, cela peut procurer l’avantage d’être victime. D’ailleurs, si on se voit comme une victime, il y a de grandes chances que se trouve, dans nos pensées ou nos croyances, « ce qui m’arrive n’est pas de ma faute. Je n’ai pas de bol.… ». Voyez-vous qu’en faisant cet exercice, vous pouvez identifier les bénéfices que vous procure la situation ? 

Je vous rappelle que nous agissons toujours par intérêt. Par conséquent, quand nous chaussons l’objectif macro, c’est parce qu’il nous procure un bénéfice. Je vous laisse chercher à identifier lesquels.

Troisième étape : s’interroger de nouveau.

La première question à se poser pourrait être « si je n’avais pas utilisé mon objectif macro, qu’est-ce que j’aurais vécu de différent ? Qu’est-ce que j’aurais vu que je n’ai pas vu ? Qu’ai-je perçu que j’aurais manqué ?»

Quatrième étape : le choix résolu

À ce stade, il est temps d’opter pour le plan large. En conséquence, de déposer votre objectif macro. Puis choisissez de le prendre de manière consciente, en pleine présence, à vous-même, en vous disant que vous voulez focaliser votre attention sur une chose particulière. 

C’est ce que vous faites déjà pendant une lecture, pendant le visionnage d’un film, dans une expérience de lecture d’art. C’est un moyen de s’abstraire du monde extérieur pour focaliser son attention sur l’œuvre que vous êtes en train de lire ou de visionner. 

On se coupe du monde environnant, comme on le fait en méditation, en sophrologie ou dans d’autres disciplines. On le fait en pleine présence à soi. L’intention est de ne pas subir l’objectif macro, mais de le choisir. Je voudrais que chaque zoom in soit le fruit d’un choix, sans jamais se sentir imposer quoi que ce soit. Étant pleinement conscient de choisir son objectif, on peut choisir de regarder sa propre vie bien différemment

« J’ai mal vécu une situation pendant l’anniversaire de la semaine dernière et, en même temps, il y a eu ceci et cela de chouette, etc. ». On replace l’évènement dans un ensemble, dans un contexte qui permet de prendre de la hauteur, de le regarder avec un plan large. 

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Nous avons besoin des zooms in et des zooms out

Avez-vous remarqué qu’il y a un équilibre à maintenir dans la capacité à considérer le zoom in (le plan très rapproché, ou macro) et le plan large, zoom out

L’idée n’est pas de condamner l’un au bénéfice de l’autre. L’intention est davantage de choisir l’un comme l’autre sans subir ni l’un ni l’autre. Il est question de reprendre le pouvoir pour vivre mieux. De faire le choix de ce que l’on veut regarder, de la manière dont on veut le regarder. Cela implique la nécessité de prendre conscience de ses croyances et de ses pensées comme nous l’avons évoqué tout à l’heure. 

Finalement, nous pourrons décider. « je veux regarder ça de très très près. A contrario, je veux avoir un regard très ouvert sur tel autre événement. Je veux accueillir cette émotion dans un contexte large au lieu de l’accueillir sous l’eau, submergé, parce que j’ai la tête dans les détails des pores de la peau ou des pistils de mon émotion ». 

Faites cet exercice. Ne bottez pas en touche. Prenez une heure à bloquer sur l’agenda. Prenez rendez-vous avec vous-même. Si vous êtes un habitué de Heureux au Présent, mon invitation ne vous surprend pas. Prenez ce temps pour choisir d’utiliser vos deux objectifs, macro et plan large. C’est un moyen de reprendre le pouvoir pour vivre mieux.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine.

Bye-bye.

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