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66# Comment construire des relations qui génèrent du bonheur
Une manière très concrète de parler des styles d’attachement
Entretien avec Leslie Agasson – Psychologue clinicienne en Franche-Comté
Psychologue en ligne – Au Fil de Soi – Leslie Agasson. 50 likes · 31 talking about this. Psychologue clinicienne, je propose des consultations psychologiques ou psychothérapies à distance par téléphone ou visio.
Contact : 07.80.94.71.48 https://www.facebook.com/LeslieAgassonpsy
Depuis notre naissance, nous avons franchi des étapes dans un processus que l’on appelle l’attachement. Nous avons tissé des liens de confiance en suivant un guide intérieur inconnu. Tout cela s’est fait naturellement, entre guillemets. Une manière de dire que nous ne sommes pas conscient(e)s de ce que nous avons vécu. Pourtant, que nous l’ayons voulu ou non, nous avons été à la recherche de pistes pour apprendre comment construire des relations qui génèrent du bonheur.
Nous avons appris, à force d’intuitions et de relations, de personnes gravitant autour de nous et en relation avec nous (nous avons appris) à définir l’attachement. Évidemment, cette définition de l’attachement, intégrée en chacun de nous, diffère d’une personne à l’autre. Et, quelle que soit notre manière d’entrevoir l’attachement, elle a un impact direct sur notre manière de vivre nos relations avec nos copains et copines, nos parents, nos patrons, notre conjoint, nos enfants et toute personne en relation, actuelle ou future, avec nous.
Avec mon invitée, Leslie Agasson, prenons le temps de regarder d’un peu plus près ce qui se joue dans notre manière de vivre nos attachement(s), et peut-être de nos détachements !
Qui est Leslie Agasson ?
? Bonjour Leslie. Leslie Agasson est passionnée par son métier. Et, tu m’as dit que tu te formais en permanence. Dont, des formations sur le handicap, sur la communication on verbale (en plus d’une pratique que tu utilises dans ta profession). Tu as suivi une formation en addictologie, avec des résultats très intéressants, dans l’accompagnement de certaines personnes. J’ajoute que tu as choisi un angle d’approche que je partage vraiment à fond. Et puis, une formation sur les styles d’attachement, notre sujet du jour, dans la lignée de l’enseignement de Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste britannique qui a vécu dans les années 70’ et dont on parlera.
Est-ce que j’ai oublié quelque chose dans ta présentation?
Leslie Agasson : Non, si ce n’est que je suis installée en Franche-Comté, comme psychologue clinicienne, près de Besançon.
? Je te souhaite la bienvenue dans cet espace dans lequel le but est de vivre notre vie en mieux. Venons-en directement à l’attachement. Je l’ai un petit peu introduit, mais, veux-tu le définir afin que l’on cerne vraiment de quoi il est question ?
Leslie Agasson : Tout simplement, on démarre cette idée de l’attachement dans les premiers mois de la construction du bébé. Il définit la dimension du lien affectif avec une personne qui va s’occuper de lui. Souvent, on parle de la mère ou du substitut maternel, au départ. Puisque c’est beaucoup la mère qui va s’en occuper, sans oublier le père, bien entendu. C’est donc une figure qui sera source de réconfort et de sécurité.
La figure d’attachement est la personne vers laquelle le bébé va rechercher la proximité
Leslie Agasson : La figure d’attachement est la personne vers laquelle le bébé va rechercher la proximité du lien lorsqu’il est en situation de détresse ou d’alarme. Il est biologiquement programmé pour rechercher la proximité d’une personne adulte autour de lui.
? Évidemment, au départ, il est question des parents, mais cela peut se vivre avec d’autres adultes que ses propres parents?
Leslie Agasson : On pourrait se poser deux questions qui ont été soulevées par Nicole Guedeney (pédopsychiatre, docteur ès sciences), qui a beaucoup écrit autour de l’attachement. Supposons que vous venez d’apprendre une mauvaise nouvelle et vous n’allez pas bien. À qui, parmi vos proches, avez-vous envie de vous confier ? On a, en général, une ou deux figures d’attachement, une ou deux personnes vers lesquelles on a envie d’aller se confier. On peut prendre une deuxième situation. Supposons que vous ayez un après-midi de libre et que vous ayez envie de faire quelque chose d’agréable, avec des personnes que vous aimez bien, à qui penserez-vous ?
Certaines personnes (figures d’attachement) se retrouveront dans les deux groupes alors que d’autres ne seront que dans l’un des deux. On n’irait pas rechercher les mêmes attentions selon nos besoins.
? Tu es entrain de dire que les personnes qui nous viennent à l’esprit naturellement, en situation de détresse (quand on ne se sent pas bien) ou bien, en situation quasi neutres et que l’on sente l’envie de passer du bon temps, sont des personnes qui ressemblent à des figures d’attachement pour nous ?
Leslie Agasson : Voilà. Alors parfois, comme je le disais, certaines seront dans les deux groupes. Elles se présentent donc comme de réelles références pour nous.
Les deux grands groupes de figures d’attachement
? Tu peux juste rappeler les deux groupes s’il te plait ?
Leslie Agasson : Premier groupe : il recense les personnes auxquelles on pense en situation de détresse ou d’alarme, d’insécurité.
Le deuxième groupe : il recense des personnes auxquelles on pense qu’on a envie de partager un bon moment
C’est une manière distinguer la notion d’attachement qui est vraiment liée au fait de se rapprocher d’une personne quand on est en situation de détresse d’insécurité.
Tu as parlé de Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais. Il a travaillé sur l’attachement après le travail du fondateur de cette approche, John Bowlby, qui est psychiatre et psychanalyste anglais également. Il s’est lui-même inspiré de travaux différents de Spitz Laurence qui observait les animaux. Il a théorisé le concept d’attachement en 1969 dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Il s’est intéressé au lien mère-enfant et aux conséquences d’une séparation précoce. Et cette étude a mis en évidence l’état dépressif de nourrissons qui étaient isolés, séparés de leur mère, souvent.
Le but de l’attachement, essentiel et inné
Leslie Agasson : Cela a permis de constater que c’est un besoin primaire et inné, ayant pour but de rechercher une continuité dans la relation avec une personne désignée. C’est pour cela qu’on l’appelle la figure d’attachement ou the care giver, en anglais.
La présence de cette personne permet, simplement, d’être en sécurité, en confiance. Ça va entraîner le fait que, étant en confiance et en sécurité, on peut explorer le monde et son environnement et développer ses capacités. Si l’on se retrouve dans la sécurité, cela peut bloquer les processus d’apprentissage, les processus d’exploration et d’adaptation. C’est pour cela que cette notion d’attachement est très importante. Elle se construit dans les neuf premiers mois, mais, en même temps, elle va définir le reste de notre vie. Définir les autres liens que nous aurons tout au long de notre vie.
? Ce qui est assez étrange, et en même temps perturbant, c’est que, nous construisons une réalité détachement dans les neuf premiers mois de sa vie, sans être complètement conscient, et cela va déterminer le reste de notre existence! Est-ce que ça veut dire que l’on est, après ces neuf mois, coincé(e)s, prédéterminé(e)s dans une direction et qu’il n’est pas possible d’en bouger? Peut-être reviendra-t-on sur ce sujet plus tard…
Leslie Agasson : Peut-être que, vers la fin de l’entretien, nous pourrons parler de résilience. Mais, heureusement non. Ce n’est pas parce qu’on a vécu des éléments perturbateurs de l’insécurité, ou tout début de la vie que ça détermine tout le reste. Parce que justement, tu l’as souligné dans ton introduction, on rencontre des personnes tout au long de notre vie. Et elles peuvent, à leur tour, devenir des figures d’attachement. L’impact sera peut-être différent de celui du tout début de la vie, mais il peut y avoir des tuteurs de résilience, comme le dit Boris Cyrulnick. Elles deviendront des personnes sur lesquelles on pourra s’appuyer pour construire des relations plus saines, plus sécurisantes.
Apprendre l’attachement toute la vie, une voie de croissance à emprunter consciemment
? Même si l’apprentissage de l’attachement à ses fondements dans les premiers mois de la vie, on va continuer à être dans une «école d’apprentissage d’attachement» au fil de sa vie (plus encore si l’on en prend conscience) et, avec des outils que l’on évoquera aujourd’hui, décider de mettre en mouvement quelque chose qui va permettre de maturer une capacité à créer un attachement plus sain, équilibré, et plus secure. etc.?
Leslie Agasson : Tout à fait. Nous pouvons imaginer le bébé qui arrive et qui ressent beaucoup de choses qui ne sont pas conscientisées. Il a des émotions, des perceptions et des ressentis sensoriels il se verra présenter le monde par des référents. Ces derniers lui présenteront aussi leur système émotionnel. On est devant un bébé qui pleure, qui gigote un peu, on verbalise et on lui dit « benh alors, qu’est-ce que tu as ? Tu as faim ? ». On va lui exposer une interprétation de ce qu’il nous présente.
Winnicott et celui qui a beaucoup parlé des deux manières de présenter l’enfant au monde. Première consiste à le porter (généralement dans les bras) ou de vraiment l’accueillir et, en même temps, de toucher, ce qui participe à lui donner des limites corporelles. La manière dont on va être porté, choyé, regarder va créer un lien avec l’adulte. À travers leur manière de nous prendre en soin, on va construire notre propre identité et notre propre sentiment d’existence.
A quoi tient notre sécurité psychologique ?
Leslie Agasson : Au-delà de la sécurité matérielle (les besoins primaires qui sont de manger, boire, dormir…), la sécurité psychologique va se jouer autour de :
- l’amour inconditionnel qui va m’être porté,
- d’un environnement stable qui fait que, quand je pleure, mes parents vont venir le plus rapidement possible. Il y a une notion de régularité dans ce processus qui s’installe.
Tout ce qui est instable va générer des désordres chez les tout-petits et dans la suite, vers leur vie d’adulte. La stabilité de l’environnement et des relations joue un grand rôle.
J’aimerais justement parler des différents types d’attachement.
? Oui, très bien, tu as anticipé la question que je voulais te poser. Alors, parle-nous-en.
Leslie Agasson : Après Bowlby, il y a eu d’autres psychologues et psychanalystes, dont Mary Ainsworth, psychologue américaine qui a travaillé avec Marie Main. Je qualifie les différents types d’attachement. Elle a inventé une expérience qu’elle a appelée « la situation étrange ». C’est simplement l’observation de ce qui va se produire quand un bébé est détaché de sa figure d’attachement (en l’occurrence, la mère). Elle observe ce qui va se produire.
Votre manière de vivre votre attachement enfant a déterminé votre manière de vous détacher aujourd’hui
Leslie Agasson : Quand l’enfant est déposé à la crèche, comment se passe la séparation ? À partir de cette observation, elle va définir plusieurs types d’attachement. D’autres sont venus en aouter d’autres, mais elle, elle en a défini trois, dont deux principaux. Pour les retenir, le plus simple est de se dire que l’on peut avoir un type d’attachement secure (=sécurisant) ou insecure (insécurisant). Et dans les insecure, il y a plusieurs formes d’attachement.
Quand l’enfant sera séparé de sa mère, il va se manifester. Au retour de la mère, il se calmera à son contact. Il sera sécurisé et en confiance. Il pourra ensuite se détacher parce que la relation à la mère est plutôt bonne. C’est à dire qu’elle réagit directement e se montrant sensible. Elle est plutôt stable. Tout cela crée une relation sécurisante dans laquelle l’enfant pourra rester sans sa mère en étant assuré qu’elle reviendra et pourra, de nouveau, sécuriser la relation.
? C’est donc, en voyant le comportement de l’enfant que l’on pourra déterminer que la relation est considérée comme sécurisante ?
Leslie Agasson : C’est le cas dans toutes les autres relations, en fait.
? On est véritablement sur l’observation du comportement de l’enfant en relation avec la personne figure d’attachement.
Leslie Agasson : On est, en effet, dans l’observation du couple « figure d’attachement et enfant ».
Si l’on prend un exemple, dès qu’un enfant pleure, qu’il exprime le besoin de quelque chose, il faut vraiment qu’il y ait une harmonisation vers l’enfant dès le premier mois de la vie. Il est important de répondre assez rapidement à ses demandes parce que l’enfant est complètement dépendant. Justement, si sa maman se montre distance, car elle réagit peu et rejette l’enfant, il réagirait avec colère et expérimentera le rejet. Il va s’isoler émotionnellement et développer le stress et la peur.
Ce sera donc plutôt une relation d’évitement. Au début, l’enfant va peut-être se manifester et, voyant l’absence de réaction, il en conclura que ce n’est pas la peine. Ses cris n’ayant pas d’impact sur sa figure d’attachement. l’enfant se placera donc dans une posture d’évitement pour ne pas se sentir rejeté. C’est ce qu’on appelle le type d’attachement insecure évitant. Ce sont donc des personnes qui vont éviter le lien parce qu’il leur fait peur, il devient synonyme de rejet.
Ressentez-vous une difficulté à créer du lien ?
? Juste avant de poursuivre, cela peut expliquer que des personnes qui ont vécu une situation insecure d’évitement aient, dans un comportement adulte, une difficulté à créer du lien aussi ?
Leslie Agasson : Tout à fait. C’est pour ça que c’est très important de connaître un peu comment on a été choyé, regardé, porté. Est-ce qu’on s’est senti en sécurité quand on était enfant ? Après, il y a différentes raisons au comportement de la mère ou du substitut. Il peut y avoir ce que Green appelle « le syndrome de la mère morte ». C’est le cas quand la mère est dépressive pour x raisons comme un deuil. Si la mère a perdu son propre père, par exemple, en donnant naissance à son enfant tout en étant déprimée, elle influera sur la relation à l’enfant. Une mère déprimée est légitimement moins présente. Elle peut faire tout le nécessaire au niveau des soins physiques et de tendresse tout en étant préoccupée par le vécu de son deuil. Du coup, quelque chose risque fort de jouer dans la relation.
On n’est pas entrain de dire que « c’est la faute de… ». La vie fait parfois que des parents vivent des situations, ou sont eux-mêmes, dans une pathologie qui fait, qu’ils vont transmettre aussi un lien à l’autre qui sera, évidemment, particulier.
Cette donnée exclut les problèmes d’abus qui créent un contexte encore différent.
Ne voyez pas difficulté à créer du lien comme une occasion de vous sentir coupable
? J’insiste juste sur ce que tu viens de dire. On n’est pas entrain de chercher la faute, mais de chercher à comprendre. Ce qui n’a rien à voir.
Leslie Agasson : Il peut aussi se présenter le cas d’une mère, ou d’un substitut parental, non cohérent(e) dans sa manière de répondre aux sollicitations de l’enfant. Disons qu’une fois, elle sera indifférente alors qu’elle sera très sensible d’autres fois. Elle est donc instable sur le plan émotionnel. L’engrenage éprouvera donc du stress. Ne se sentant pas en sécurité, il sera contrarié, en colère ou se sentira abandonné émotionnellement. Et puis, finalement, il aura du mal à contrôler son impulsivité et à gérer ses émotions. Cela peut entraîner un comportement antisocial ou agressif. Dans ces cas-là, on parle d’un type d’attachement insecure ambivalent. Parfois, le comportement est adapté et parfois pas. L’enfant ne sait plus se situer.
? Comme sa mère, ou la figure d’attachement est «assise entre deux chaises», lui se trouve «assis entre deux chaises» dans sa gestion émotionnelle.
Leslie Agasson : Voilà, parce que l’attachement est une base de sécurité qui va entraîner des capacités d’adaptation sociale et de gestion émotionnelle. Par conséquent, s’il n’y a pas de gestion sécurisante du lien, cela va forcément jouer sur la gestion des émotions, le fait de savoir s’auto canaliser. Plus la figure d’attachement est sécurisante et plus l’enfant sera capable de s’apaiser seul parce qu’il perçoit une sécurité. Finalement, il pourra explorer en s’inscrivant dans l’ouverture.
Winnicott a dit une chose que je trouve très juste : « Il faut avoir été deux pour être un ». C’est-à-dire que si l’on n’a pas été attaché(e) de manière qualitative et sécurisante à une personne (presque dans une symbiose), on aura beaucoup de difficulté à être une personne à part entière, à être un, capable de se différencier à partir d’une identité intérieure stable.
D’ailleurs, Donald Winnicott dit aussi que « le but de l’attachement est le détachement ». Du coup, meilleur a été l’attachement meilleur sera notre capacité à nous détacher et à vivre notre propre vie.
Les parents ont leur propre histoire qui explique leur posture
? En tant que parent, cela signifie que, si j’ai une tendance à être en refus de détachement de mon enfant, voulant l’accaparer pour moi, en faisant presque ma chose en l’inondant de câlins, ayant peur qu’il aille vers l’extérieur, je peux l’abimer dans son aptitude au détachement à venir ?
Leslie Agasson : Oui, c’est dit d’une manière simple. Mais note que ce n’est pas forcément conscient. Les parents ont leur propre histoire qui explique leur posture. Plus la relation sera secure et forte entre enfants et parents de manière adaptée, plus l’espace s’installera en verbalisant une absence courte. On pourra dire à son enfant « attends, maman est là, mais je ne peux pas venir » et s’assurer que même on ne vient pas tout de suite, l’enfant sera sécurisé de savoir qu’il a été entendu et que sa mère viendra quand même. L’enfant expérimente que même si son parent ne vient pas tout de suite, au bout d’un certain temps il obtient une réponse qui, de surcroît, est plutôt adaptée.
Après, parce qu’on est secure, on va explorer. Si les parents n’aident pas l’enfant à gérer ce qu’il est entrain de vivre, il devra entrer en mode survit, comme s’il était livré à lui-même. Il peut se sentir trop envahi par l’autre, aussi.
Et justement, ça va donner ce troisième type de relation insecure qui est la relation désorganisée. C’est le cas quand on est face à un parent plutôt excessif, qui va réagir de manière très imprévisible. Il peut faire peur et souffrir d’addictions (par exemple, d’alcoolisme ou d’une autre forme de pathologie). Dans ces situations-là, l’enfant va ressentir une grande confusion. Il va éprouver de la peur, parfois de la tristesse, rechercher de la sécurité chez des inconnus, parfois, et peut-être l’amener à se mettre dans une forme de danger. Il a une faible estime de lui-même et éprouvera beaucoup de colère tout en étant très passif.
Donc, on a les trois types de relations insecure qui sont :
1) évitant, 2) ambivalent ou 3) désorganisé
Est-on figé, comme prédéterminé, dans une style d’attachement ?
? Il n’y a pas de cloisons hermétiques dans ses formes d’attachements, qu’ils soient secure, insecure évitant, insecure ambivalent ou insecure désorganisé? Est-ce qu’il est envisageable qu’il existe une «navigation» dans certains de ces univers relationnels sans pour autant que ce soit «problématique» ou «dommageable»?
Leslie Agasson : C’est vrai, qu’en général, on parle de pathologie quand une seule approche relationnelle est utilisée. C’est le cas d’une manière de se défendre ou une forme de relation qui manque de souplesse. Bien sûr, il peut y avoir un enchevêtrement de différentes formes relationnelles. Malgré tout, on saura quelle est la tendance en regardant les relations à venir. Parce que nos modes relationnels nous accompagnent tout au long de la vie sans que ce soit, malgré tout, définitif.
? Je pourrais avoir des parents accessibles, disponibles, sensibles, répondants, prévisibles qui, de temps en temps, m’envoient bouler parce qu’ils pètent un câble, qu’ils en ont raz-le-bol et, tout à coup, voir qu’ils redeviennent sensibles, répondants tout en me laissant pester dans mon coin. Cette navigation-là est, quand même présente, dans la réalité quotidienne. On n’est pas dans une relation avec des parents qui sont dans un mode secure en quasi-permanence? Ou encore, insecure ambivalent en quasi-permanence ?
Leslie Agasson : Vraiment, il ne fait pas comprendre cela comme une chose immuable. On parle des tous premiers mois de la vie, mais on parle, en même temps, d’un tempérament du parent (ou de la figure d’attachement). Il est bien question d’une personnalité installée. On ne parle pas de moments où le parent est fatigué ou en colère au point d’exprimer son mécontentement. On parle vraiment de la manière dont le parent est dans la relation à l’autre.
? Ça n’a donc rien à voir. On est vraiment dans un fonctionnement, une tendance. C’est comme si l’on était une autoroute insecure ambivalente et que, de temps en temps, on empruntait de petites départementales secure. Il n’empêche que c’est le fonctionnement principal, imagé par l’autoroute, qui prévaudra et générera les conséquences que nous avons évoquées tout à l’heure ?
Faites la différence entre une tendance et des actions ponctuelles
Leslie Agasson : Oui, c’est vraiment le fond. Le fonctionnement du parent va être plutôt de telle ou telle forme (relationnelle) et va entraîner des réponses répétitives. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un style d’attachement, d’un style de lien, d’une manière d’être générale.
? J’ai bien compris. Merci parce qu’il est important de le clarifier pour éviter que certaines personnes qui se voient péter les plombs s’imaginent être, automatiquement, comme des parents (ou des figures d’attachement) insecure. «Parce que je n’ai pas répondu à trois sollicitations de mon conjoint ou de mon collègue, je suis dans l’évitement !»
Leslie Agasson : Forcément, on a des moments comme ça et l’on est, justement, dans des moments. Ce n’est pas installé en mode de fonctionnement.
Ce modèle va être intéressant pour nous adultes ou même adolescents. Que l’on soit dans un milieu professionnel ou personnel, on sera influencé par un style d’attachement.
En dehors des premiers temps de la vie de l’enfant, si dans notre vie, on a un événement traumatique, on peut aussi basculer dans un autre style de lien. C’est le cas si l’on regarde cet événement traumatique comme étant la cause d’un bouleversement du lien à l’autre, estimant que l’autre nous a agressé.
Vouloir être indépendant et détaché, est-ce un signe positif d’une capacité à se détacher ?
? Surtout s’il y a une raisonnance avec une histoire personnelle.
Leslie Agasson : En plus, oui, c’est sûr. Mais ça peut entraîner des personnes à refuser toute dépendance, en entrant dans une autosuffisance, parce qu’elles étaient dans une relation d’évitement, étant enfants. Elles ressentent une absence de réaction à la séparation. On a l’impression que certaines situations glissent sur elles et n’ont pas confiance en la stabilité durable d’une relation.
? Si l’on reprend l’image de l’autoroute, pour illustrer le mode fonctionnement installé et qui, dans ce cas, serait une forme d’insensibilité, comment prendre conscience qu’il s’agit d’un mode de fonctionnement et non d’un incident ponctuel ?
Leslie Agasson : Quand on parle d’un mode de fonctionnement, cela implique une répétition. Dans plusieurs relation, la personne peut se voir réagir de la même manière.
Le travers du facteur répétitif
? Le travers du facteur répétitif est qu’il est possible de ne plus le voir à force d’habitude! À supposer que je sois habitué à cela depuis plusieurs années, mais finalement, il s’agit d’un dysfonctionnement. Comment en prendre conscience?
Leslie Agasson : C’est toute la question de la souffrance. Ce qui va amener quelqu’un à prendre conscience et à vouloir changer ou à évoluer, c’est que ça fait souffrir. La souffrance peut être ressentie par la personne elle-même ou elle peut voir souffrir son entourage. Par exemple, si quelqu’un ne se rend compte de rien, les personnes qui l’entourent peuvent, parfois, lui renvoyer (plusieurs fois) combien c’est difficile pour elles. Donc, soit on se rend compte soi-même que l’on souffre, à répéter des relations insatisfaisantes, soit, les autres peuvent nous faire prendre conscience de cela si l’on veut bien être un peu humble et entendre ce que vit l’autre.
? Le signal de la souffrance que je perçois en moi ou en ceux qui m’entourent peut être un bon signal.
C’est sûr, oui.
? Je pense à un homme que j’ai eu en accompagnement. Il avait presque la cinquantaine et me disait ne pas arriver à s’installer dans une relation amoureuse durable. Il se rendait compte de son besoin d’avoir des relations avec des femmes d’au moins vingt ans de moins que lui et que, dès qu’il voyait que la relation commençait à s’installer (qu’elle passait du sentiment amoureux à l’amour), il avait besoin de changer de relation. Là, on est dans une situation qui ressemble à ce que tu es entrain d’évoquer, dans la mesure où il était conscient de sa souffrance.
Leslie Agasson : On sent l’évitement, là. Quand il sent que ça pourrait marcher, il fuit. Il y a bien une peur, la perception d’un risque qu’il veut éviter. J’accompagne, moi aussi, une personne qui est dans une relation aux autres (en dehors de l’amour, ce qui peut être un indicateur intéressant, quand le cadre est bien plus large que celui de la relation amoureuse), qui a peur de sa propre violence, ayant a subit des violences lui-même. Il avance dans la création du lien, mais, dès que ce dernier devient trop fort, il perçoit le spectre de la violence qui le conduirait à passer à l’acte lui-même, comme il l’a déjà fait, et entre donc dans l’évitement en rompant le lien. Du coup, il peut même partir physiquement pour revenir. Il crée un mouvement à travers lequel il va chercher à abaisser la tension et le niveau de risque. Il va tenter, par cette stratégie, à revenir presque à zéro, comme si la relation n’avait pas avancé.
Quand on se sépare et que l’on revient, il y a rupture de continuité. Cela lui permet de repartir à chaque fois pour éviter de construire une relation aboutie.
Eviter le piège de la relation pansement
? Quand on prend conscience de ses styles d’attachement, comment, en tant qu’adulte, aller chercher d’autres figures d’attachement pour compléter ou contrebalancer les déviances liées à nos figures d’attachement? Comment cela se joue dans le monde de l’adulte ?
Leslie Agasson : Déjà, c’est complètement aléatoire puisqu’il est question des rencontres en relation avec le parcours d’une expérience de vie professionnelle ou personnelle. On a souvent tendance à répéter le même modèle. Soit, on va coller à ce qu’on a vécu, soit (parce qu’on a eu un père alcoolique, on va se dire « jamais je ne boirai » en étant dans la réaction complètement opposée. Se dire « jamais » n’empêche pas de se retrouver dans une situation avec un conjoint qui est alcoolique, comme part hasard.
Psychiquement, on a peur de l’inconnu, et donc, de la nouveauté en général. On va donc répéter ce que l’on connaît parce que, même si c’est insécurisant, cela reste sécurisant parce qu’on le connaît. C’est assez paradoxal et ambivalent. On va donc répéter quelque chose qui nous fait souffrir, mais on sait, au moins, à quoi s’attendre. C’est ce qui va montrer qu’il y a une pathologie, sans pour autant que ce soit une maladie.
? Si l’on va vers les personnes qui nous attirent naturellement, alors qu’on est au moins conscience d’être dans un style d’attachement insecure, on peut se dire «attention, si je suis attiré(e) par lui ou par elle, est-ce peut-être parce qu’il ou elle a un profil qui va nourrir mon insécurité latente » ?
Leslie Agasson : Cela dépend vraiment de l’histoire de la personne. Du coup, on ne peut pas généraliser. Tout dépend de sa prise de conscience des choses. Si elle est consciente de ce qu’elle a vécu, on verra par la suite comment le lien va se construire. Et seulement si l’on réalise que ça ressemble à ce que je connais déjà beaucoup… C’est assez classique parce que la tendance naturelle est de reproduire comme on le fait d’un modèle parental que l’on reproduit dans son couple. Heureusement, on peut y échapper.
Exercice pratique : le cahier de vie
? Ceux qui sont habitués à me suivre, sur Heureux au présent, savent que je donne des exercices, notamment à l’écrit, dans son cahier de vie (voir le rendez-vous intitulé «Rendez-vous avec vous-même»). Est-ce que dans un cas comme celui-là, je pourrais noter certains constats de manière à envisager que, dans mes relations nouvelles et existantes, je me donne les moyens d’identifier des signaux pour donner davantage d’emphase à tels types de relations en veillant à être attentif à certains points. Et moins d’emphase à d’autres dans lesquelles j’identifie des signaux déjà présents ?
Leslie Agasson : C’est important de travailler sur soi. Plus on sera conscient(e)s de sa propre souffrance et de ce qui a fait souffrance, plus on travaillera sur notre gestion émotionnelle, sur notre estime de nous-mêmes, sur la confiance que l’on aura en soi… et moins on reproduira ses modèles. Tout ce travail sur soi-même participe à apporter une sécurité intérieure. De fait, on ira moins chercher à l’extérieur la sécurité nécessaire.
Quand tu dis « quels types de relations je peux rechercher pour “réparer” (ce que l’on fait souvent avec les autres), cela implique une limite à connaître. C’est surtout la réparation intérieure qui est importante. Ne faisons pas l’inverse, en attendant de vivre des relations dans le but que l’autre répare. On le dit pour le couple ou pour toute autre relation. Et moi qui suis croyante, je peux dire que c’est la foi en l’amour inconditionnelle de Dieu qui m’a réparée. Ce qui fait que je ne suis pas en attente de réparation dans mes relations.
? Finalement, l’objet est de créer des liens qui ne soient pas des relations-pansement parce qu’en me centrant sur moi, en travaillant sur mon estime de moi et mon amour pour moi feront que j’aurai des relations plus saines à l’avenir? Cet amour que je me donne à moi-même me sécurise. C’est ce que tu veux dire ?
Leslie Agasson : C’est surtout ça qui joue. Les autres vont forcément nous décevoir, à un moment donné. On est tous imparfaits et, surtout, on ne peut pas changer les autres. On ne travaille que sur soi et l’on ne peut agir sur les autres qu’en travaillant sur soi. Les autres peuvent aussi bouger personnellement, en faisant un travail sur eux, mais ça leur appartient.
Alors, concrètement, l’écriture marche très bien. Simplement, mieux vaut partir de soi, ce que l’on ressent. Par exemple, si l’on veut se demander “est-ce que je suis bien dans la relation que je vis avec untel et untel ?” ce peut être porteur. Je pense que le signal reste celui de la souffrance et de l’insécurité.
La souffrance un signal salvateur
Leslie Agasson : La souffrance est déjà le summum, mais l’insécurité ne signifie pas que la personne ne puisse rien nous apporter. Ce peut être que l’on n’arrive pas à profiter de la relation de par notre propre posture insécurisante. Ce n’est pas forcément l’autre qui à un problème. Une relation est un système, elle se tisse à deux, c’est plus nuancé.
? Tu affirmes que le sentiment de ne pas arriver à profiter d’une relation (amicale, professionnelle ou amoureuse) est, premièrement, un signe de souffrance et, deuxièmement, un signe d’alerte sur mon besoin de retravailler sur ma capacité à m’attacher ?
Leslie Agasson : En tous cas, ça questionne sur ce qui se passe. Est-ce l’autre, qui a une forme de relation particulière qui m’insécurise ou est-ce moi, qui suit entrain de ressentir cette insécurité parce qu’elle m’est familière ? Ou qui, finalement, me questionne sur mon passé ?
Au niveau thérapeutique, l’art peut être très aidant et, particulièrement, l’écriture. On peut mentionner le théâtre, les arts psychocorporels telle que la danse… pour exprimer quelque chose de notre vécu.
Je pense que l’écriture est intéressante parce qu’elle est très proche de la parole avec, en plus, une trace. La parole implique la mémoire de l’autre, celui qui nous a entendu, ou la nôtre, à partir de ce dont on se souvient avec la fragilité de la fluctuation de la mémoire qui, de plus, est soumise à une interprétation. Tandis que l’écrit peut être relu. On peut revoir ce que l’on a ressenti à un moment donné.
Ecrire ses émotions et ressentis est le top de ce que vous pouvez faire pour accélérer le processus d’autothérapie
? J’insiste bien pour mettre la date du jour d’écriture. C’est ce qui permet, quelque temps après, de prendre conscience du chemin parcouru, quand on vient relire.
Tu sais qu’il y a es détracteurs des les styles d’attachement. Ils estiment cette approche trop compartimentée et manichéenne. Comment vois-tu les choses ?
Leslie Agasson : De toute manière, mon métier est riche de théories différentes. Je confronte la théorie à la pratique et à ce que je rencontre avec mes patients. Et, quand quelque chose me parle, je l’utilise. Je pense que les théories sont des outils utilisés par des professionnels ou un utilisateur qui veut mieux se comprendre et se connaître. Ce n’est pas “parole d’évangile”, comme on dit. Mais je pense que la théorie des styles d’attachement est assez juste bien qu’elle n’explore pas tous les possibles. Parce que, c’est vrai, elle segmente en plusieurs parties, sans être en mesure d’englober la réalité de toutes les personnes. Comme, quand on parle d’une pathologie comme la dépression, on peut le faire parce qu’il y a des traits communs. Mais chacun a ses propres raisons de vivre la dépression à partir de son histoire personnelle. Donc, je dirais que, quelle que soit la théorie, elle reste à individualiser, à personnaliser parce que l’on n’est jamais comme l’autre, avec son parcours et son ADN.
C’est vrai que je suis une psychologue clinicienne et je m’attache vraiment à l’individu. C’est ce qui explique que je ne sois pas à l’aise de parler de manière générale. C’est toujours une question individuelle bien qu’il y ait des éléments qui peuvent nous servir de guide dans la compréhension.
? C’est à considérer comme un cadre de lecture sans, pour autant, entrer dans l’idée d’enfermement?
Leslie Agasson : C’est une piste, un outil. C’est la manière de l’utiliser qui signalera un enfermement ou une ouverture, parce que c’est une forme de lecture de mon histoire personnelle. Peut-être même qu’il y aura plusieurs lectures possibles de mon histoire. Là, j’accède à l’une d’entre elles.
Les limites de l’autothérapie
? Quand j’ai pris conscience de ces éléments-là, quelle peut-être l’étape suivante dans un travail sur moi-même ?
Leslie Agasson : Je pense qu’il y a une part que l’on peut faire seul(e), mais, à un moment donné, pour avancer, on a aussi besoin d’un(e) autre. C’est pour cela que la thérapie peut aider parce qu’on est aussi entendu. Il y a une sorte de miroir où l’autre va nous renvoyer des choses. Il ne faut pas oublier qu’il y a une part inconsciente. Du coup, une part de nous-mêmes nous échappe. Et c’est plutôt, parfois, l’autre qui va nous renvoyer des choses que nous n’avions pas perçues seul(e). En s’adressant à un autre, il est aussi évident que l’on sortira des paroles ou des images qui ne nous seraient pas venues sans ce face-à-face.
C’est le but de la rencontre avec la thérapie.
? J’utilise cette image du miroir pour expliquer les limites de l’autothérapie. Quand ils sont devant leur miroir et qu’ils lèvent la main droite, le miroir leur signale qu’ils lèvent la main gauche. Alors que, face à un thérapeute, quand je lève la main droite, il voit bien qu’il s’agit de ma main droite. Par conséquent, il y a une part de travail que je peux faire seul, devant mon miroir, mais j’ai besoin de prendre conscience qu’il existe une part du travail que je ne pourrai jamais faire seul(e). Il y a une limite inhérente à la situation partiellement passive d’un face-à-face avec soi-même.
Je valorise le développement personnel tout en incitant à avoir conscience qu’à un moment, j’ai besoin de travailler avec un autre. Pendant une dizaine d’années, j’ai fait moi-même appel à des thérapeutes extérieur(e)s tout en travaillant en autothérapie.
Je te rejoins donc à 100 % sur ce point. Ce travail personnel peut, parfois, permettre de gagner en temps et en efficacité avec le thérapeute, sans pour autant économiser l’accompagnement thérapeutique avec un professionnel qui sera un tiers médiant, un vis-à-vis neutre jouant le rôle d’un vrai miroir.
On ne naît pas seul
Leslie Agasson : De toute manière, ça correspond à la construction de l’humain. On ne naît pas seul.
Winnicott disait «le bébé n’existe pas seul». On se constuit avec l’autre, tout au long de notre vie.
Cela me fait penser au film « Seul au monde », avec Tom Hanks, dans lequel il va se créer un vis-à-vis. On n’est pas fait pour grandir seul. C’est faux de penser que l’on est complètement indépendant à un moment donné. On reste interdépendants les uns des autres. L’autre va nous apporter parce qu’on se complète. On n’est pas tout. On est manquant. C’est pour cela que l’on peut, et que l’on a besoin de se rencontrer.
? C’est aussi intéressant d’ajouter qu’une fois que j’ai appris à m’aimer et à vivre heureux, je serai le manquant de l’autre, finalement. Je vais participer, aussi, au bonheur à la création et à l’équilibre de l’autre. Éventuellement, être port d’attache pour un(e) autre.
Leslie Agasson : Tout à fait. C’est une co-construction dans la relation dans laquelle on est deux, en tant qu’êtres de relation. C’est important de se dire aussi que sa propre sécurisation émotionnelle permettra d’apporter. Je pense que c’est important d’être bien avec soi-même et cela va nourrir l’autre, justement. Ce n’est pas parce que l’on va faire tout pour l’autre avant de prendre soin de soi que ça va être mieux, au contraire. On va le polluer avec notre propre insécurité.
Merci Leslie
? Excellent, je te remercie beaucoup, Leslie. Est-ce que tu veux bien nous proposer des pistes pour élargir la réflexion, pour ceux qui veulent creuser travailler? Des livres, comme celui de Winnicott «les bébés et leur mère» qui a, tout de même un problème de contextualisation du père qui, dans les années 70, n’étaient pas impliqués comme ils le sont de nos cours.
As-tu donc des livres, des références à proposer ?
Leslie Agasson : Il y Nicole Guedeney, dont je parlais tout à l’heure. Elle parle de manière assez vulgarisée de l’attachement. Selon ce que la personne recherchera, il y a Boris Cyrulnick qui a écrit « Sous le signe du lien ».
Il y a aussi le livre de Jacques Salomé, « Contes à guérir, contes à grandir ». Je trouve que la forme métaphorique est intéressante pour aider à une forme de compréhension et de guérison intérieure.
? Même s’il y a des sources que tu n’as pas mentionnées ici et qui te viennent à l’esprit, je les mentionnerai en bas de la retranscription de cette émission pour que ceux qui sont intéressés puissent en profiter.
Je te remercie beaucoup, Leslie. Évidemment, je me réjouis de te retrouver dans quelles semaines pour d’autres sujets! Si des questions viennent des lecteurs de cet entretien, je les partagerai avec toi.
Continue à faire autant de bien à ceux que tu accompagnes. C’est génial d’avoir des psychologues cliniciens avec une approche aussi pragmatique.
Leslie Agasson : Merci de l’invitation et à bientôt pour d’autres sujets.
? Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine.
Bye, bye
Pour aller plus loin sur les styles d’attachement
Voici une APPROCHE DES STYLES D’ATTACHEMENT DE GORDON NEUFELD
Gordon Neufeld, psychologue du développement et auteur du livre Hold on to Your Kids (Accrochez-vous à vos enfants : Pourquoi les parents doivent être plus importants que leurs pairs)
- Proximité
Un bébé commence le voyage d’attachement au parent par le contact, le toucher et la proximité. - Ressemblance/similarité
Vers l’âge de deux ans, un enfant ajoute la similarité. C’est implique le désir d’être comme leurs parents. - Appartenance ou loyautéVers l’âge de trois ans, un enfant devient préoccupé par l’appartenance et la loyauté, d’être « du même côté que ».
- ImportanceVers l’âge de quatre ans. La connexion s’approfondit encore plus avec l’étape suivante : Être importante. En faisant savoir à notre enfant, à quel point il est spécial pour nous.
- AmourVers l’âge de cinq ans, l’enfant entre dans la cinquième phase de l’attachement, qui prend la forme d’une connectivité émotionnelle. Maintenant, il est important que l’enfant sache que le sentiment affectueux que nous avons pour lui/elle n‘est pas attaché à l’accomplissement, aux réalisations ou au comportement.
- Être connu
à partir de l’âge de 6 ans
Et enfin, la dernière étape – être connue – est celle où – si tout s’est bien passé – l’enfant de six ans nous raconte ses secrets. Il souhaite être vu, entendus et acceptés pour ce qu’il est.
Si vous voulez en savoir plus sur. cette approche, suivez ce lien : Une autre approche de l’attachement selon
Des ressources à lire :
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« Contes à écrire, contes à grandir », de Jacques Salomé
Les contes, nous le savons maintenant, nous aident à guérir. Ils permettent de nommer l’indicible, de dénouer les contradictions, de réparer les blessures de notre histoire présente et passée. Ils nous aident à grandir, à croître et à nous harmoniser. Ils favorisent à l’intérieur de nous la réconciliation entre différents états de notre condition humaine, le psychisme, le corps et l’esprit qui parfois se révèlent antagonistes et contradictoires.
Ils contiennent des mots qui nous enveloppent, nous caressent et nous serrent dans une amicale clarté ; ils nous proposent des associations qui nous illuminent dans une limpide atmosphère et nous déposent, plus apaisés, aux confins de l’imaginaire et du réel.»
« Sous le signe du lien » de Boris Cyrulnick
À la lumière de ses études éthologiques, qui cherchent à observer le comportement des êtres vivants dans leur univers naturel, Boris Cyrulnik jette un regard nouveau sur le comportement amoureux des humains. La compréhension du monde animal et la biologie le conduisent à livrer de nouvelles interprétations sur les liens naturels qui unissent une famille. On découvre ainsi que l’histoire affective du bébé commence bien avant sa naissance et que la force des liens bébé-père-mère pèse sur l’individu dès la formation de la cellule embryonnaire et l’influence toute sa vif durant.
Boris Cyrulnik nous offre ici la première histoire naturelle de l’attachement.
Neurologue et psychiatre, Boris Cyrulnik a publié de nombreux best-sellers, et dans la collection « Pluriel » La Fabuleuse Aventure des hommes et des animaux et Mémoire de singe et paroles d’homme.
« L’attachement, un instinct oublié »Yvan Wiard
La théorie de l’attachement, dont John Bowlby est le fondateur, montre l’influence des relations affectives en famille sur le développement de la personnalité de l’enfant. Ce pédopsychiatre psychanalyste anglais a consacré sa vie à étudier ce lien et à se battre pour qu’il soit reconnu comme essentiel à l’équilibre de chacun de nous.
Yvane Wiart, Docteur en psychologie, chercheur au Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie de l’Université Paris Descartes, explique comment Bowlby a élaboré cette approche, qu’il a voulue scientifique, et présente les découvertes les plus récentes en la matière, y compris sur le plan neurobiologique. Si l’attachement est défini comme un instinct qui, au départ, rapproche le bébé de sa mère afin qu’elle lui prête attention et favorise sa survie, il est loin de se limiter aux premières années de notre existence. Présidant à nos comportements la vie durant, cet amour qui nous façonne régit nos relations avec autrui, ainsi que l’image que nous avons de nous-mêmes : il est à l’origine de nombre de nos émotions au quotidien.
Malgré ces avancées majeures, la théorie de Bowlby est parfois encore controversée. Sans doute parce qu’il est difficile d’admettre que les parents n’agissent pas toujours pour le bien-être de leurs enfants, souvent sans le savoir, et que cela a des conséquences toute la vie, sur eux et sur leurs descendants.
« L’attachement : approche clinique et thérapeutique » de Nicole Guedeney
Chaque âge de la vie présente ses spécificités : le fonctionnement psychique n’y échappe pas. Du nourrisson au sujet âgé, la psychopathologie ne peut se comprendre en fonction d’un même paramètre. L’interaction et l’intrication des modèles de compréhension, qu’ils soient physiologiques, sociologiques, psychodynamiques, cognitifs et éducatifs sont la règle en pratique clinique.
La collection Les âges de la vie dirigée par Daniel Marcelli propose une approche complète, nosologique, clinique, thérapeutique et socio-économique des problèmes psychopathologiques propres aux différents âges de la vie.
Les concepts d’attachement, de base de sécurité et de caregiving informent la pratique clinique et enrichissent le regard et la pratique du professionnel en santé mentale de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte.
Cet ouvrage propose un parcours au travers de situations qui sollicitent l’attachement et les soins parentaux : événements de la vie quotidienne comme la garde des enfants, les hospitalisations, les conflits parentaux ; situations qui affectent les liens parents-enfants comme le placement ou l’adoption ; troubles psychopathologiques de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte. Enfin cet ouvrage illustre comment la théorie de l’attachement peut enrichir la pratique psychothérapeutique auprès des enfants comme des adultes.
Cette deuxième édition, qui change de titre pour devenir L’Attachement : approche clinique et thérapeutique, est entièrement révisée et propose six nouveaux chapitres sur des thèmes aussi divers que l’exercice de l’autorité, l’enfant handicapé ou encore la précarité.
« L’attachement en question » de Blaise Pierrehumbert
Vous pouvez enfin vouloir savoir comment ce sentiment d’attachement évolue tout au long de la vie : quel lien, par exemple, entre l’attachement amoureux et l’attachement dans l’enfance ? Qu’en est-il chez les personnes âgées ? Pourquoi « s’attacher » à une figure spirituelle, à un animal ou à un objet ?
« L’attachement au cours de la vie » de Raphaële Miljkovitch
L’auteur décrit comment des mécanismes psychologiques se mettent en place dans le champ de l’attachement et influencent le comportement d’une personne sa vie durant. Il traite de l’impact des premières expériences avec les parents sur le développement socio-affectif de l’individu. L’enfant s’adapte à son environnement familial et y forme des représentations et des stratégies de comportement qui le guident ensuite dans ses relations sociales. Adulte il reste imprégné de ces expériences passées et intériorisées qui sont des modèles orientant sa façon de gérer les nouveaux liens établis en particulier dans ses relations amoureuses et ses rapports avec ses enfants.
Image par StockSnap de Pixabay
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