Accepter l’amour des autres pour vous n’est pas une réalité naturellement inscrite en vous. Ce que vous avez glané dans votre parcours de vie facilitera ou non l’accès à cette faculté. Le fait de savoir qu’il est possible d’apprendre à accueillir l’amour des autres change-t-il quelque chose pour vous ? Autant que vous le sachiez : oui, ça s’apprend !
Cela signifie que vous pourrez demander de l’amour aux autres. Vous pourrez aussi vivre des relations plus détendues et plus nourrissantes parce que vous saurez demander et accueillir l’amour des autres.
Dans cette émission, j’aborderai les points suivants :
- Apprendre à être aimé s’apprend
- La place que joue la confiance dans la capacité à accueillir l’amour des autres
- Comment demander de l’amour aux autres
Transcription intégrale de l’émission
45# Accepter l’amour des autres pour vous
Nous avons un besoin viscéral d’être aimé. C’est ce que toutes les études sur l’estime de soi, le bonheur, l’équilibre personnel et relationnel mettent en avant. Il s’agit d’une évidence qui n’est plus à démontrer. Pourtant, bon nombre d’entre nous n’arrivons pas à accueillir l’amour que les autres nous donnent. Il est parfois embarrassant, intimidant. Il est même possible que nous ayons l’impression de ne pas le mériter et, par conséquent, de passer à côté de l’amour et de ses bienfaits.
Comment accepter l’amour des autres pour vous quand vous êtes vous-même mal à l’aise avec les déclarations d’affection et d’amour à votre égard ?
Est-ce qu’apprendre à être aimé s’apprendrait ?
La bonne et la mauvaise nouvelle est : « oui, apprendre à être aimé s’apprend ». C’est d’autant plus déroutant que, dans la plupart des cas, pour ne pas dire tous les cas, personne ne vous a dit qu’aimer s’apprenait, ni même que, s’aimer soi-même s’apprenait aussi. Et apprendre à accepter l’amour des autres pour soi s’apprenait. C’est le sujet puissant du livre « Comment apprendre à s’aimer, et pourquoi ? : Des méthodes concrètes et puissantes pour renforcer l’estime de soi » de Anne Sophie Fauconnier.
Puisque qu’aimer est une réalité vivante, cela signifie qu’il est possible d’évoluer en amour et donc, en amour envers soi. Accepter l’amour des autres pour vous peut donc évoluer au fil de votre vie selon des phases qui seront plus ou moins propices à cette aptitude d’accueil. Vous pouvez avoir été très à l’aise avec l’amour des autres pendant des décennies et sentir un besoin de distance, une recherche de solitude. Cela ne sonne pas automatiquement le glas de votre aptitude à apprécier l’amour des autres. Pour autant, je vous encourage à regarder les allées et venues de ces temps de passage comme des étapes à laisser vivre et à conduire au gré de votre besoin.
Il est tout à fait entendable que votre vie passe par des phases de retraites. Voilà un mot que je n’aime pas du tout, pour parler des personnes qui sortent de la vie active (encore une expression que je déteste). Pourtant, je l’utilise volontiers quand il s’agit d’un temps choisi (et non subi) dans lequel vous pourriez décider de vous retirer. La retraite devrait systématiquement être un choix, jamais une mise au placard. Il s’agirait donc d’un choix à limiter dans le temps avec un objectif défini.
Dans le cas d’une retraite volontaire, vous pourriez prendre la décision de donner du mou à votre relation avec certaines personnes. Cela pourrait prendre plusieurs formes :
- Moins d’invitations
- Moins de soirées
- Moins de restos
- Moins de réseaux sociaux
- Moins de temps devant les écrans
- Moins de stress et de contraintes
pour
- Plus d’invitation à soi
- Plus de soirées pour soi
- Plus de qualité alimentaire, voire de sobriété alimentaire
- Plus de relations vraies sans écran interposé
- Plus de journée sans montre
Opter pour des moins ne prend de sens que s’ils sont adossés à des plus. Je vous encourage à éviter d’enlever des choses de votre vie si vous ne les remplacez pas par d’autres. La nature a horreur du vide. Si vous voulez prendre davantage de temps pour vous aimer et que cela vous conduisait à enlever quelque chose de votre agenda, mettez autre chose à la place, même s’il s’agit de méditation, de ballade, d’activité cuisine ou de lecture, par exemple.
S’aimer n’étant pas une action devenue naturelle pour tous, si vous percevez le besoin de vous y appliquer, il est parfois utile de changer quelques points sur votre agenda, histoire de vous donner davantage de temps et des moments de qualité.
En résumé : si vous enlevez, remplacez par autre chose. Et surtout, vivez votre temps de retraite dans le but de revenir à votre quotidien avec un changement. Ce peut être un changement d’intensité, de sens, etc.
L’amour ne procure que du bonheur
Accepter l’amour des autres pour vous, demande d’accepter que l’amour ne fait pas mal, malgré ce que l’on entend. Penser ainsi (« aimer fait mal ») consiste à jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est d’ailleurs une des raisons premières qui peut conduire quelqu’un à avoir une certaine difficulté à accepter l’amour des autres. Or, ce n’est pas l’amour qui fait mal mais plutôt notre manière de le vivre.
Si vous vous vous sentez concerné(e) par la peur de revivre des blessures en amour, vous aurez alors besoin de prendre la mesure de ce que vous avez vécu.
- Qu’est-ce qui vous a conduit à faire de l’amour et de la souffrance des synonymes ?
- Pourquoi ressentez-vous le besoin de prendre vos jambes à votre cou quand quelqu’un vous manifeste de l’amour ?
- Si quelqu’un mentionne une de vos qualités, que vous validez intérieurement, pourquoi vous sentez-vous mal à l’aise ?
- En entendant ces quelques questions, vous êtes en mesure de percevoir le caractère non blessant de l’amour. Si quelqu’un mentionne une de vos qualités, votre mal-être n’est pas en relation avec ce qu’à dit la personne (évènement neutre) mais avec des pensées que vous aviez à votre sujet avant que la personne ne parle de vous. Vous pouvez même percevoir que vous avez validé le propos, considérant l’avis comme fondé. Pourquoi donc vous privez-vous d’accueillir la marque d’affection manifestée par la personne qui formule le compliment ?
- Avez-vous vécu certaines expériences dévalorisantes, humiliantes ou d’abus ?
- Avez-vous été particulièrement blessé(e) par un(e) proche qui vous manifestait régulièrement de l’affection à votre égard ?
- Avez-vous vu / entendu des proches qui s’aimaient, se déchirer fréquemment ou violemment ? Si c’est le cas, comment vous sentiez-vous ? Que ressentiez-vous ?
Pour mieux répondre à chacune de ces questions, référez-vous au tableau des émotions que vous avez complété lors de l’émission « Prenez la mesure de vos émotions ». Aucun blocage n’est appelé à durer toute une vie. Vous pouvez prendre la décision de vous libérer et d’enclencher les actions qui participeront au changement. Vous pouvez accepter de changer si, et seulement si, vous le choisissez et que votre motivation est de vous rapprocher de celui/celle que vous voulez être. Je le formule comme cela pour m’assurer que vous n’envisagiez pas de changer pour faire plaisir à quelqu’un.
Accroitre la confiance est un atout pour accueillir l’amour des autres
La confiance est également concernée par l’apprentissage. Vous pouvez apprendre à vous faire confiance. A bien y regarder, le fait d’augmenter votre capacité à faire confiance augmente, de fait, votre capacité à accueillir l’amour des autres. Car, s’il est un domaine dans lequel la confiance est indispensable, c’est bien celui de l’amour. Il n’existe aucune preuve scientifique de l’amour. Il ne s’agit que de perceptions, d’impressions, d’interprétations. Tout cela repose sur la confiance, la certitude que celui ou celle qui agit de telle ou telle manière est entrain de manifester de l’amour. D’autant qu’un acte similaire peut manifester des choses bien différentes de l’amour.
La confiance est un atout pour retisser du fil relationnel et fluidifier la réception de ce que les autres veulent vous donner. Mais, la confiance allant dans les deux sens, cela implique également ce que vous donnez aux autres. Accueillir l’amour des autres inclus tant la réception que l’émission. Le « bénéficiaire », si je puis dire, de l’amour de quelqu’un, reste rarement un receveur silencieux. Une manifestation interprétée comme un signe d’amour invite, implicitement, à une manifestation écho. J’utilise le mot « écho » plutôt que « retour » parce que je ne veux pas entrer dans le donnant-donnant. Une telle manière de voir les choses impliquerait un amour rentable, monnayable. Or, l’amour n’est amour que dans la mesure où il est gratuit. Accepter d’être aimé demande d’accepter la gratuité : vous ne devez rien à la personne qui vous aime. On ne répond pas à l’amour par un devoir d’amour en retour mais par un amour résultant d’un élan volontaire, même s’il est influencé.
En regardant votre enfance ou votre adolescence, vous pouvez peut-être percevoir des racines de votre difficulté à accueillir l’amour. C’est d’autant plus complexe si votre croissance personnelle s’est faite sur le terreau d’un amour monnayable ou manipulateur. « Si tu ne manges pas, maman sera triste » ou « Si tu fais ça, papa sera fâché ». Ecoutez ou ré-écoutez l’émission « Refaire confiance », si nécessaire.
Pour accepter l’amour des autres pour vous, je vous propose de vous affranchir de ces poids éventuels pour avancer plus léger vers votre projection personnelle. Souvenez-vous que cet accueil passe par une confiance en l’autre indiscutable. Par conséquent, si vous percevez là des lacunes, travaillez à rétablir la confiance en l’autre est à considérer comme un préalable.
La reproduction n’est pas une règle
L’humain vit une réalité qui le distingue des autres espèces : la liberté. Toute vie rencontre certaines limites. Toutefois, la faculté de liberté humaine lui ouvre des voies considérables. Une des illustrations de cette liberté est la capacité de faire l’amour sans procréation systématique.
Vous pouvez donc faire des choix dans des domaines de votre vie pour franchir des étapes qu’aucuns de vos ancêtres n’avaient franchis. Vous n’êtes pas condamné(e) à la reproduction du passé. De la même manière, si vous n’avez pas été aimé(e), vous pouvez apprendre à aimer et à accueillir l’amour des autres pour vous.
Je sais pertinemment que cela fait écho à ces phrases qui courent les rues et qui disent qu’ « On ne peut donner que ce que l’on a reçu ». Il y a une part de réalité dans ce dicton mais il n’est pas parole d’évangile. Je préfère donc la corriger un peu en enlevant son caractère exclusif. Cela donnera donc « On peut donner ce que l’on a reçu ». L’aborder sous cet angle lui fait perdre tout son goût, c’est vrai. Mais, à vrai dire, ça m’est égal. Je tiens à ce que les paroles portent la force de la réalité. Or, je connais bien des personnes qui ont donné ce qu’elles n’avaient pas reçu. Elles ont été capables de création, d’innovation, de recherches et de réflexion leur permettant de surpasser ce qu’elles avaient reçu.
Il vous est possible d’accepter l’amour des autres pour vous même si vous n’avez pas reçu cette facilité dans votre parcours personnel. Vous pouvez faire ou refaire confiance même si vous avez rencontré des occasions multiples de décider de cesser de faire confiance. Si vos pensées sont nourries quotidiennement de ces deux ingrédients incontournables pour créer votre bonheur, vous irez les chercher pour préparer la journée délicieuse que vous avez choisie de vivre.
Demandez et vous recevrez l’amour des autres pour vous
Si vous avez besoin de vous sentir aimé(e), demandez de l’amour. Allez le chercher ! J’entends bien que vous trouviez étrange de l’entendre formulé comme cela. Mais comment pourrais-je le dire autrement ? Vous avez besoin de quelque chose ! Allez vous servir.
« Oui, mais, disent certains, ça fait égocentrique » ! Et alors ! Si c’est votre besoin, vous n’avez pas d’autre choix que d’être égocentré(e). Evidemment, ne soyez pas égocentré(e) face aux besoin des autres. Si un copain/copine vous demande de l’aider à déménager, vous enlèverez quelque chose de votre agenda pour l’aider parce qu’il s’agit de son besoin. Ce serait égocentrique de préférer passer du temps à bronzer sur la plage au lieu d’aller lui donner un coup de main. Mais si vous avez besoin, vous, qu’on vous aide à déménager, est-ce égocentrique de demander de l’aide ? Est-ce égocentrique de demander de l’amour quand vous en ressentez le besoin ? C’est, par contre, plus difficile de demander de l’amour si vous n’avez pas l’habitude de le faire. Alors, comment s’y prendre ?
L’amour implique automatiquement le verbe donner. En d’autres termes, si vous avez besoin de vous sentir aimé(e), d’accueillir de l’amour, vous aurez à demander que l’on vous donne. Il est tout de même difficile d’aller voir un(e) ami(e) pour lui dire : « Est-ce que tu veux bien me donner de l’amour, stp ? ». Il/elle risque de penser que vous voulez coucher avec lui/elle. Le complément d’objet qui suit le verbe donner est en général en lien avec du temps. C’est criant quand il s’agit d’amoureux. Ils passent beaucoup de temps ensemble. Ils se donnent du temps l’un à l’autre.
Demander du temps : C’est donc le premier axe que vous pouvez utiliser pour demander de l’amour : demander du temps. Quelles formes cela peut-il prendre ? Vous pouvez exprimer votre besoin sous forme de demande ou de proposition de vivre un apéro, une soirée, une sortie, une balade, un pique-nique ou de faire du shopping, un sport, ou toute autre activité qui imposera de vivre du temps à deux ou à plusieurs.
Le temps passé ensemble est en connexion avec l’amour s’il est axé autour d’une réalité consistante et profonde. Dans les exemples que je viens de mentionner, il y a une consistance autour de l’activité mais qu’en est-il de la profondeur ? La qualité du moment est déterminée par son intensité, sa profondeur. Il n’est pas question de vivre trois heures d’intensité. Cette dernière n’a que faire de la durée. Vous serez marqué(e) par l’intensité d’un moment même s’il ne dure que deux secondes. Une rencontre authentique et profonde ne demande pas de temps.
La qualité du temps : C’est donc le second axe sur lequel vous allez centrer votre attention. Autour de l’activité que vous aurez choisie pour aménager votre temps de besoin d’amour, vous savez que vous vous sentirez aimé(e) quand viendra le temps de la profondeur. Cette étape est en relation avec la confiance. Il n’y a de profondeur que s’il y a ouverture de soi. Et l’ouverture de soi demande la confiance en l’autre. C’est donc là que vous accepterez de vous ouvrir sur un sujet personnel. Vous donnerez de vous à l’autre. Cela peut prendre la forme d’une question de type « J’ai pensé que ça me ferait du bien de reprendre l’alpinisme mais j’ai peur depuis ma dernière chute. Qu’est-ce que tu en penses ? ».
J’ai mis, dans cet exemple, trois ingrédients qui font appel à la confiance, celle que l’on fait à des gens que l’on aime :
- Confier une idée personnelle, qui vous appartient
- Partager une émotion
- Demander ce que la personne pense de votre idée, réflexion, pensée, avis…
Demander à quelqu’un ce qu’il pense d’une chose personnelle qui vous touche émotionnellement lui envoie un signal de confiance. De plus, il peut entendre un choix d’ouverture de vous-même qui lui donnera sans doute l’envie de vous manifester de la bienveillance, un des aspects de l’amour.
Passer à l’action vaut plus que tous les discours
Je m’engage à aller plus loin la semaine prochaine. Nous verrons en quoi la difficulté à accueillir l’amour des autres est une forme de maltraitance envers soi-même. Nous nous arrêterons aussi, entre autre, sur la volonté de contrôle qui est inscrite dans le fonctionnement de ceux qui ont du mal à accueillir l’amour.
En attendant, je vous laisse travailler sur les éléments que nous avons vu aujourd’hui. Mettez-vous au travail tout de suite et revenez-y chaque jour jusqu’à vendredi. Ok ?
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine,
Bye bye
Crédit photo : Image par Виктория Бородинова de Pixabay
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