255# Acheter des émotions

Savez-vous que le bonheur ne s’achète pas ?

Lors du dernier podcast, je vous ai invité à faire des choix sans rechercher de shoots de dopamine. Aujourd’hui, je m’arrêterai sur la dopamine afin de mieux faire connaissance. Cela nous permettra de comprendre en quoi nous sommes spontanément disposés, beaucoup plus fréquemment que nous ne l’imaginons, à acheter des émotions quand nous faisons des choix. 

Une profonde motivation

Je suis ravie de vous retrouver pour ce sujet qui me tient à cœur et qui fait suite à celui de la semaine dernière dans lequel je vous invitais à comprendre comment allier actions et émotions. À cette occasion, j’ai commencé à effleurer la dopamine. aujourd’hui, nous nous arrêterons sur la dopamine pour apprendre à mieux la connaître. 

D’ailleurs, je commencerai immédiatement par vous la présenter de manière vulgaire. Je tiens à ce que l’on n’ait pas l’impression d’être dans un cours, ce qui n’est pas du tout mon intention. D’autant plus que je ne suis ni médecin, ni neurologue, ni scientifique. Je vous partagerai cela avec l’intention que vous compreniez de quoi on parle. 

La dopamine en quelques mots

On dit de la dopamine qu’elle est un neuromédiateurs. Et le Docteur Jean-Antoine Giraud, qui est médecin et neurobiologiste, précise qu’il s’agit d’un neuromodulateur. En conséquence, « il ne sert pas à transmettre une information instantanée, mais plutôt à moduler et à modifier des propriétés ». De cette information, je voudrais que l’on visualise la dopamine comme une sorte de médiateur qui endosse un rôle de modulation. En effet, cela ne lui attribue pas forcément un rôle aussi impactant que certains autres neuromédiateurs. C’est la raison pour laquelle on l’appelle aussi Neuromodulateur. 

Toujours en cherchant à parler un langage vulgaire (compris par tous), on pourrait dire que la dopamine, est une substance chimique présente dans le cerveau qui envoie des signaux des nerfs vers le corps. 

Excès ou carence de dopamine

Il est peu fréquent que l’on mentionne un excès de dopamine. Par contre, il est plus courant que l’on parle d’une carence. D’ailleurs, il est de plus en plus admis qu’une carence a des conséquences de déséquilibre du métabolisme. Cela conduit à des dysfonctionnements impactant le cerveau. On en trouve les conséquences sur des altérations de la mémoire, de l’apprentissage, de la concentration entre autres. Des études ont montré qu’une carence en dopamine touchait également la notion de plaisir, de satisfaction. 

Quelques effets d’une carence de dopamine

On peut être en carence dopamine pour de multiples raisons sur lesquelles je ne m’arrêterai pas. En-tous-cas, on sait qu’il y a quelques pathologies sont touchées par une baisse ou un manque de dopamine. Parmi elles, se trouve la maladie de Parkinson qui provoque des tremblements avec une rigidité musculaire, des problèmes d’équilibre et de coordination. Mais on trouve également de trouble de l’attention appelé TDAH (le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) et qui va conduire à des difficultés de concentration, à des difficultés de contrôle de soi, avec des formes d’impulsivité.

Même les experts ne sont pas tous d’accord sur l’attribution d’une carence dopamine dans le cas des TDAH. On sait qu’une telle carence peut être provoquée par un déséquilibre alimentaire. En effet, un régime alimentaire carencé en certains neuromédiateurs ou neuromodulateurs pourrait en être une des causes.

Un manque d’apport en précurseurs

On peut aussi parler de manque de précurseurs. Le précurseur est la molécule chimique qui va participer à la création du neuromédiateur ou du neurotransmetteurs. Dans le cas de la dopamine, les précurseurs sont les acides aminés tyrosine et phénylalanine. On les trouve, notamment, dans les amandes et les noix, l’avocat, les graines et haricots. 

Quand on constate une carence de précurseur, on pourrait dire qu’il manque une brique dans (ou pour) la construction de la chaîne enzymatique. Donc si cet élément est absent, le corps ne pourra pas créer une chaîne permettant de fabriquer ce dont il a besoin. Dans ces cas-là, on parle d’une situation d’inflammation qui va déséquilibrer l’organisme. Une fois installé, le phénomène inflammatoire modifiera le système dopaminergique, chargé de la création de la dopamine.

Les effets d’un manque de protéines sur la dopamine

Un manque de protéines dans l’alimentation peut participer à un manque de dopamine. On trouve que les personnes touchées par l’obésité ont également généralement une carence en dopamine. 

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Manqueriez-vous de dopamine ?

Je pourrais imaginer que vous vous demandiez si vous manquez de dopamine. À cette question, viendrait s’adosser la suivante : que faire pour vérifier si tout est correct ?

Il faut savoir que les scientifiques peuvent effectivement mesurer les transporteurs de la dopamine. Ces derniers sont corrélés à des cellules nerveuses qui utilisent la dopamine. Pour ça, on injecte un produit radioactif qui va s’attacher au transporteur de dopamine. Les scientifiques peuvent ainsi, grâce à un système de lecture, voir où en est note taux de dopamine. 

En même temps, les médecins utilisent très peu ce genre de diagnostique. Pourquoi ? ? Parce que quand une personne présente des signes de carence de dopamine, ou plutôt des symptômes qui pourraient être attachés à une carence en dopamine, le médecin aura tendance à procéder à des tests qui concernent l’affection et pas seulement et pas prioritairement la carence en dopamine en elle-même. Parfois même, le médecin ne pense pas du tout à tester la présence de la dopamine.

Or, nous savons qu’en cas d’obésité, de Parkinson, de TDAH, de manque de sommeil, on ne va pas faire de test recherchant des marqueurs ayant pour but de savoir si la personne a suffisamment de dopamine dans son sang. Ce n’est vraiment pas une approche communément répandue, même dans la pratique médicale.

Pourquoi la tendance à faire triompher la dopamine dans nos vies ?

Après avoir fait davantage connaissance avec la dopamine, passons à l’étape suivante : Pourquoi donnons-nous autant d’importance aux shoots de dopamine dans nos choix quotidiens ? Cette interrogation est valable qu’il s’agisse d’une activité ordinaire ou addictive dans laquelle on s’est rendu compte qu’il y avait une carence en dopamine. 

On cherche cette dopamine-là et on la cherche même dans des choix de consommation quotidienne, de simples habitudes. De ses actions qui peuvent toucher à notre manière de manger dans lesquelles on va être tenté par des aliments sucrés ou plutôt salé, sur notre goût, par une alimentation plaisir plutôt que par une alimentation qui tienne de notre santé. Nous laissons en premier plan une appétence plaisir au détriment de la pertinence ou d’un besoin répondant ainsi un équilibre nécessaire à la santé. 

Personnellement, je constate qu’il est plus rare de voir des personnes préoccupés par une qualité nutritionnelle, une volonté d’apporter le nécessaire pour la santé, que par une alimentation plaisir. Heureusement, je constate que cette tendance à commencer à changer.

Témoignage client

Pour ceux qui ne le savent pas, vous avez compris que je pratique aussi la naturopathie. Il m’arrive de demander aux gens s’ils mangent équilibré, selon eux. Or, leur réponse est affirmative, la plupart du temps,  « oui, je mange bien, je mange sainement ». Qu’est-ce que vous mangez, par exemple, au petit-déjeuner ? 

En réponse à ma question, les gens commencent à me dresser une liste. Une fois que j’ai entendu la réponse, je leur demande s’il connaissent ses apports nutritionnels de ce qu’ils m’ont mentionné manger au petit déjeuner. La plupart l’ignorent. Il est même très rare qu’une personne soit au fait des apports nutritionnels de son alimentation. 

Voici un exemple typique de réponse récoltée suite à ma question relative au petit-déjeuner : « je prends un café sans sucre, (parce que le sucre n’est pas bon pour la santé), disent certains. Ensuite, je prends de la brioche des biscottes ou du pain avec un peu de confiture sur du beurre. Et je pense bien apprendre un bon verre de jus d’orange pressées. Je le fais maison comme ça, c’est du bon jus d’orange ». C’était alors que j’ai ma question sur les apports nutritionnels : « Alors, monsieur, madame, quel est l’apport nutritionnel obtenu avec le petit-déjeuner que vous m’avez présenté ? 

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Une question bloquante

Quand je pose cette question, on me dit,  « j’ai pris des vitamines, notamment de la vitamine C dans le jus d’orange, et puis après…» ! Après cette première étape, les choses se compliquent. C’est difficile parce qu’on n’a de la difficulté à comprendre ce que l’on mange. Eh oui ! On mange essentiellement, pour le plaisir. Pour le plaisir égal, pour un shoot de dopamine ! 

Pourtant, nous devrions être capables de manger en associant le plaisir et le besoin ou, le besoin et le plaisir, selon notre ordre de priorité. Ne mettons pas le plaisir sans quoi nous n’aurions pas envie de répondre à notre besoin. Seulement, manger pour le plaisir, sans préoccupation pour le besoin conduite à un déséquilibre et, notamment, à des carences en dopamine. 

Une juste place pour l’émotionnel dans l’assiette

Quand on prépare son petit-déjeuner, finalement, on se prépare un petit-déjeuner émotionnel. Étant à la recherche d’un shoot d’émotion. Et quand je dis à certaines personnes qu’il m’arrive de manger de la salade, de la soupe et autres aliments qui n’ont rien à voir avec le petit-déjeuner mental, communément présent dans la tête d’un français, on ne regarde avec de grands yeux. 

Ma super kinésithérapeute

J’ai des séances de kiné non loin de là où j’habite. Il y a quelques mois, j’ai invité ma kiné à dîner parce que je la trouve sympathique. Vraiment chouette. On s’est rapprochés en discutant de plein de choses et je lui ai dit que je lui proposai de lui cuisiner des blettes parce que c’était la saison. Connaissant ma pratique de Naturopathie, sa question n’a pas été, « quelle est l’apport nutritionnel des blattes ? ». Sa réaction a plutôt ressemblé à « Je déteste les blettes ». 

N’évincez plus la question

Pourquoi ne nous posons-nous pas la question de savoir si c’est bon pour la santé ? On se demande d’abord si c’est bon pour la bouche. C’est encore un signe qui montre que l’on est prêt à acheter ou à consommer de l’émotion avant de consommer quelque chose qui serait bénéfique. Un ami d’enfance, qui plus est également praticien Naturopathe, me disait que l’on préférerait le plaisir sur 20 cm, mêlé aux inconvénients sur 1,80 m que de faire l’inverse. Quand il faisait mention de 20 cm, il avait à l’esprit, notre langue. Cette dernière fait trop souvent la loi. Et si nous lui attribuons un rôle aussi important, c’est parce qu’elle est directement connectée à nos ressentis émotionnels.

Bienvenue dans l’univers de la publicité

Le système de consommation notre société moderne a bien compris ça. Peut-être même a-t-elle participé à nous éduquer dans cette direction. J’en veux pour preuve l’impact de ladite publicité. D’ailleurs, si je vous demandais combien de publicités vous regardez par jour, je suis persuadé que bon nombre d’entre vous serait en difficulté pour me donner un nombre exact. Parce que vous n’êtes pas conscient du nombre de publicités que vous regardez consciemment ou non. 

L’univers de la publicité nous est imposé à notre insu, où que nous soyons. C’est d’ailleurs valable sur n’importe quel support. Qu’il s’agisse d’un smartphone, d’une tablette, d’un ordinateur, d’un téléviseur, de panneaux publicitaires disposés dans la rue, de support, de publicité, présents, des restaurants ou des magasins, ou au boulot. Vous ne savez pas que la publicité vous impacte et qu’elle vous impacte, non pas sur le plan cognitif uniquement, mais aussi, et essentiellement, sur le plan émotionnel. 

Que visent les publicitaires ?

Pourquoi les publicitaires travaillent-il d’arrache-pied pour que leurs spots publicitaires, touchent prioritairement nos émotions ? De manière pleinement résolue, ils semblent déterminés à développer des stratégies pour pas venir à contourner notre capacité d’analyse, de raisonnement, de prise de décision et toucher directement la sphère émotionnelle. Tout cela, dans le but de nous pousser à faire des choix qui seront à leur faveur.

En termes, je pourrais dire que leur démarche consiste à nous pousser à faire des choix déraisonnés (au sens étymologique, coupés de la raison), déconnectés d’une lecture d’analyse. la stratégie vise à ce que le consommateur décide en se fondant sur un désir, un shoot de dopamine. 

Un entraînement assuré

Finalement, quotidiennement, « nous nous entraînons » à faire des choix sponsorisés par la publicité. Ses invitations à l’action contribuent à arroser notre désir de ressentir du plaisir. Tout est fait pour que nous soyons ravis de sécréter de la dopamine. Et vous savez que cette prise de conscience n’est pas évidente. De plus, l’entraînement produit, une facilité à venir pour passer à l’action. Tout entraînement étant une forme d’auto-programmation. 

Si donc nous voulons nous protéger de cette influence manifeste, nous avons besoin de nous entraîner à autre chose. Je ne vous apprends rien !

Une prise de conscience éclairante

Réalisons qu’il y a une intention stratégique construite qui coûte des millions. Entre 2019 et 2021, le coût investi en publicité en France a augmenté de 37 %. En 2019, le coût investi en publicité était de 2 801 millions d’euros pour 3 834 millions d’euros en 2021, ce qui représente une augmentation de 73.057%. Pensez-vous qu’un tel investissement serait fait par hasard ? En espérant que ça marche ?

L’univers de la publicité a pour intention de nous déposséder de notre capacité de raisonner. Bien que cette stratégie finale et pour objet de récupérer nos finances personnelles, elle passe par le moyen, consistant à nous conduire vers des choix impulsifs, ou, autrement dit, émotionnel.

Vous entendez qu’il serait bien plus profitable pour chacun d’entre nous, que nos choix ne conduisent jamais à des regrets. cette formulation est quelques plus utopique. Nous dirons donc qu’il est dans notre intérêt d’avoir à limiter considérablement le nombre de choix auxquels nous aurons adossé des regrets. Pour ce faire, nous avons besoin de faire des choix éclairés. Or, des meilleurs moyens de les faire et de les dépourvoir de shoots de dopamine. He oui ! Il s’agit de choix dissociés d’un besoin de plaisir. 

Quelle idée de faire des choix sans plaisir

Je voudrais tout de même être clair. Il n’est pas question, notamment Heureux au Présent, de ne se camper que dans la construction d’un bonheur par des choix exempts de plaisirs, de jouissances, de satisfactions. Vous avez bien compris que ce n’est pas l’objet de mon propos. 

Par contre, ce que je veux promouvoir ici, c’est l’encouragement à faire des choix que l’on n’aura pas à regretter. Je vous veux faire des choix qui seront des choix de construction, des choix effectués en pleine liberté, que l’on ne subisse rien, bien au contraire. Je veux que l’on choisisse, que l’on soit acteur de sa propre vie. 

Vous avez assez de lucidité pour comprendre que ce n’est pas ce que recherchent les publicitaires. C’est la raison pour laquelle il n’existe quasiment aucune publicité claire qui ait pour objectif de s’adresser à notre raisonnement, notre analyse, notre jugement. C’est valable même dans la sphère politique, pendant les campagnes électorales. 

La politique teintée

Il y a quelques années, j’ai tenu une conférence à Marseille dans laquelle je démontrais à quel point la stratégie des campagnes politiques visaient nos émotions. Il existe un logiciel dont le nom m’échappe qui lit le visage, le comportement humain. Il est capable de déterminer les différentes émotions émises par le visage. On a mis cela en place sur des politiques afin de voir quelles étaient les tendances d’expressions émotionnelles. Grâce à ce procédé, on s’est rendu compte que là où il y avait une plus grande tendance d’expression émotionnelle relative à la colère, il y avait une moins grande tendance à voir ce nom présent dans les urnes. À l’inverse, là où il y avait une tendance à manifester une émotion de sérénité, de bien-être qui sécurise l’auditeur, et plus il y avait de bulletins dans les urnes portant le nom du candidat. 

Les politiques, tout comme les publicitaires, sont pleinement conscients de chercher à parler à notre sphère émotionnelle en priorité. Ils savent le faire en apprenant à détourner notre sphère rationnelle d’analyse, de jugement, de réflexion. Ils en sont capables au point même qu’on ne sait pas forcément pourquoi on a voté pour untel ou pour untel. On ne sait pas forcément pourquoi on a acheté tel objet, tel vêtement à la place de tel autre. On ne sait pas vraiment répondre à la question de quelqu’un qui viendrait nous interroger pour savoir pourquoi on a acheté tel véhicule, tel parfum ou tel vêtement. On pense le savoir, mais le sait-on vraiment ? Il est fort probable que la réponse soit négative. 

Un peu de storytelling

Quand j’étais ado, j’étais fan des pubs. Je me souviens que, depuis ma chambre, j’entendais les spots publicitaires alors que j’étais en train de faire mes devoirs. Quand il y avait une coupure publicitaire, j’accourais dans le salon pour regarder les pubs tellement je trouvais ça magnifique, bien construit. 

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C’est bien plus tard que j’ai découvert l’intention cachée de nous manipuler, ce qui expliquait la grande part de créativité qui me fascinait. Il m’arrivait de rester comme subjugué par l’art créatif des pubs. D’ailleurs, certains slogans chantés me sont restés. Il pourrait suffire que l’on me mentionnait une marque pour que je vous chante le saut en publicitaire. 

Le dévoilement

J’ai pris quelques publicités que je vais vous mentionner, bien sûr, en n’ayant pas l’intention de vous pousser à devenir des clients des marques que je vais mentionner. J’ai choisi ses spots pour vous montrer à quel point il existe une volonté de nous manipuler. On pourrait presque se demander s’il n’y aurait pas une intention consciente de nous prendre pour des cruches. 

Une réalité paradoxale

Cela dit, ce qui est assez paradoxal, c’est que nous savons qu’il y a une intention de nous manipuler dans la démarche publicitaire et politique. Je pense que personne ne l’a appris à l’instant, là, on écoutant ce podcast. Pourtant, nous avons choisi de nous laisser manipuler. 

Quelques exemples pratiques :

La publicité de l’Audi A1

Cette publicité a été publiée en 2023. En visionnant cette vidéo, vous réalisez que l’on ne nous parle pas de la voiture. On nous montre un regard, une main, un écran, un building, etc. On ne nous distribue que de l’émotion. 

La publicité de la Fiat 500 avec Leonardo DiCaprio : 

Une autre publicité qui symbolise l’ensemble des publicités dans lesquelles on sollicite des personnes connues. Là, il s’agit de la publicité de la Fiat 500 avec Leonardo DiCaprio. Personne ne parle dans cette publicité. Dans celle-là non plus, comme dans la publicité de l’Audi A1, personne ne parle, sauf à la fin. On va dire que vous pouvez l’acheter pour un prix de tant, etc. 

En réalité, on a choisi de créer une ambiance, dans cette publicité. Ambiance dans laquelle Léonardo DiCaprio est simplement à la pompe à de rechargements électrique. Il sort son chien, le siffle pour lui demander de revenir. Le chien revient avec le bâton dans la gueule. L’acteur ouvre la portière du véhicule, ce qui donne l’impression d’une grande voiture, alors qu’il s’agit de la petite Fiat 500 ! On induit par-là qu’elle est bien plus grande qu’il n’y paraît. Le chien rentre et la voiture repart. 

On a créé une ambiance pour nous faire ressentir une charge émotionnelle. Grâce à ce procédé, le spectateur est invité à sympathiser avec l’acteur. On l’invite à aimer la voiture par le biais de DiCaprio. Il va de soi que plus on aime DiCaprio, plus on va aimer la voiture, ce qui est un billet cognitif. 

L’univers du parfum

Dans l’univers du parfum, c’est pareil. Je pense à Lancôme qui a un parfum très très très connu. Et pour cause, le parfumeur a fait appel à Julia Roberts. Finalement, on est en train de proposer un parfum avec un slogan carrément audacieux : la vie est belle. 

Lancôme parfum La vie est belle 2016

Vous comprenez que si vous mettez ce parfum, votre vie est belle. Ne serait-ce pas une promesse ou un mirage ? Vous savez très bien que ce n’est pas vrai. Et la plupart des personnes que l’on pourrait interroger dans la rue diraient, « non, c’est pas vrai. Si je mets ce parfum, ma vie n’est pas plus belle. J’aime bien son odeur, c’est pour ça que je l’ai acheté ». En fait, vous n’avez pas acheté ce parfum pour son odeur. Vous l’avez acheté parce que vous aimez Julia Roberts. Vous l’avez acheté parce que ce qui vous a été vendu dans le spot publicitaire, avec l’ambiance, etc, fait que vous avez acheté une émotion et non pas le parfum. 

« Acheter » Julia Roberts

D’ailleurs, dans un commentaire sur Parfumeries.fr, il est dit, « La vie est belle est un parfum plein de promesses qui procure une grande joie de vivre et sensation de liberté ». Depuis quand un parfum peut-il procurer une sensation de liberté, une joie de vivre ou encore promettre quelque chose ? On est bien en train de jouer avec nos fantasmes et ça fonctionne. Ça marche et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Si un jour, même si je n’y crois pas, ça ne fonctionnait pas, les publicitaires trouveraient un autre terrain, un autre angle d’attaque. 

Pour l’instant, ça fonctionne et je vous assure que ça n’est pas prêt de s’arrêter. 

Le monde du vêtement

Pour parler du monde du vêtement, j’ai choisi la marque Dim. Elle propose un univers incroyable avec ses collants par le biais desquels la marque qui promet tout simplement une expérience extraordinaire. Quand on porte un collant Dim, disent-ils, « vous avez un galbe vertigineux, une silhouette parfaite pour des jambes redessinées à la perfection ». 

La perfection est présente deux fois dans ce spot publicitaire. Quelque part, on vous fait croire que si vous portez ce collant, vous allez redessiner vos jambes à la perfection, chose que vous ne croyez pas du tout, pourtant ! D’ailleurs, personne n’y croit. Et cela n’impact pas les ventes vers la baisse pour autant. Bien, au contraire, les ventes augmentent. Ça marche. En 2021, le chiffre d’affaires de la société a été de 286 132 900,00 €. Il a été frappé par la COVID-19, comme beaucoup de sociétés qui vendaient des sous-vêtements, étant donné que bien des femmes restaient à la maison. Le chiffre d’affaire a donc diminué de 3,53 % entre 2020 et 2021. 

La publicité émotionnelle dans nos assiettes

Je commencerai par Nutella. Depuis plusieurs décennies, nous savons tous que ce produit est composé essentiellement de sucre à 56%, de graisse pour 15%, d’un peu de noisettes (13%), d’un peu de lait (9%) et d’un peu moins de chocolat (7%). Mais Nutella a choisi un slogan « C’est chaque jour du bonheur à tartiner » ou encore « L’amour est le plus beau des cadeaux ». Waouh, vous auriez-vous associé l’amour à quelque chose d’aussi peu qualitatif ? Quoi de mieux pour générer des émotions ?

En considérant les publicités Nutella, vous remarquez qu’il n’y a pas du tout de promotion du chocolat, de la noisette. Aucune information relative à la santé ou au contenu du produit. Pourquoi donc ? Parce que Ferrero s’est fait taper sur les doigts il y a quelques années pour des allégations santé qui ne correspondaient pas du tout à son produit. C’est suite à cette polémique que l’on a commencé à faire preuve d’ironie en montrant la quantité de graisse et de sucre présente dans ces produits. Regarder l’image qui suit publié le 25 janvier 2017, dans le journal, le Midi libre.

proportions nutella

ci-dessous : Réaction critique publié sur le site Midi libre (2017)

Les achats compulsifs

Par delà les enseignes publicitaires que j’ai mentionné, en omettant de parler des publicités sur le café qui ne sont pas en reste, je pourrais évoquer les achats compulsifs. Vous savez, ces actes d’achat  que l’on regrette quelques jours, quelques semaines ou quelques mois après. Mais bon, voilà, on l’a acheté comme ça, on ne sait pas pourquoi, vraiment. On ne sait pas comment l’expliquer. 

J’aimerais qu’à chaque fois vous vous rendez compte que vous ne savez pas pourquoi vous avez acheté quelque chose, vous vous interrogiez pour vous dire, « là, j’ai quelque chose à apprendre sur moi. Je m’observerai à l’avenir. Je m’observerai dans mon choix parce que je ne sais pas pourquoi j’ai ressenti telle émotion au point d’être incapable d’observer ce qui s’est passé. J’ai besoin de comprendre ce que mon corps a voulu me dire. Pourquoi ai-je cherché à déclencher un shoot de dopamine ? Comment expliquer ses besoins de dopamine ? Pourquoi ai-je eu besoin de me faire plaisir au point de négliger la réflexion ?». 

Un exercice conditionnel

Certes, j’ai pris le temps de cumuler les questions. En même temps, je ne voudrais pas que vous preniez la tête en coupant les cheveux en quatre si c’est trop lourd pour vous. Dans ce cas, ne faites pas cet exercice. 

Je vous le propose uniquement si vous avez envie d’apprendre à mieux vous connaître sans vous prendre la tête. Faites-le essentiellement si vous avez l’envie de prendre la mesure des nombreuses décisions que vous prenez pour acheter des émotions. Bien entendu, vous avez compris que l’expression « acheter des émotions » ne correspond pas à un échange commercial. Il s’agit d’une démarche procurant un avantage jouissif. 

Ces actes d’achat symboliques peuvent vous conduire à chercher à plaire à quelqu’un. Se faisant, vous achetez des émotions en riant autrement que comme vous ririez d’habitude parce qu’il y a des potes ou des collègues auxquels vous cherchez à vous adapter. Vous achetez de l’émotion tellement fréquemment que vous pourriez avoir tendance à prendre une distance d’avec vous, à vous renier vous-même et à vous rendre compte, au bout d’un moment, que vous êtes dans le fake, dans cette manière d’être fausse. 

Plus vous, avancez, et plus vous réalisez que cela impacte votre aptitude à vous aimer vous-même, n’est-ce pas ? C’est alors que le bât blesse. C’est là que je vous invite à vous dire « non. Je veux me remettre dans l’alignement avec moi-même. Je veux me réconcilier avec mon véritable moi et cesser de choisir pour plaire, pour me plaire, pour faire plaisir, pour déclencher un shoot de dopamine au détriment d’une aptitude à faire des choix raisonnables, pertinents, judicieux, intelligents, aidants, etc. 

La pleine compatibilité

Attention, les deux approches demeurent compatibles. C’est quand il y a un déséquilibre avec une fréquence trop élevée de décisions uniquement émotionnelles. 

Prenez le temps de vous observer, de vous amuser à ça. Vous pouvez vous le faire sous forme de jeu. Surtout, je ne veux pas que vous preniez la tête à couper les cheveux en quatre, comme je vous l’ai déjà demandé. Faites-le sous forme de jeu. Observez-vous. Parlez-en avec des amis, des copains, des collègues, etc. 

Pour apprendre à mieux vous connaître, et surtout à reprendre votre vie en main, je veux vous voir avec les mains sur le volant. Vos choix en alliant, les émotions et la raison est un moyen de garder le contrôle de votre vie. Vous relevez le défi ? Je compte sur vous. On se retrouve pour le prochain rendez-vous. 

Pour l’heure, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine. 

Bye bye !

8 commentaires

  1. Merci pour cet article podcast, c’est toujours bien de nous rappeler de rester maître de nos émotions pour rester maître de notre vie ! La publicité cherche avant tout à nous vendre de l’émotion plutôt que le produit lui-même… et ça marche, on achète ! C’est dans notre instinct que de rechercher le plaisir avant tout. D’en être conscient nous rend moins facilement manipulables.

    1. Tout à fait, Carole. Tout à fait

  2. Cet article résonne fort en moi, qui suis absolument allergique aux pub. Je les supprime une à une de mon fil d’actualité, je fuis tous ce qui m’impose une pub. Oui elles me pourrissent la vie, ces pub, lorsque je marche dans ma ville et que je la regarde, en pleine conscience, ooh ce bâtiment est beau oh cet arbre je n’y avais jamais fait attention et ah put*** deux gros big mac (cela me met parfois de mauvaise humeur !)C’est tellement fort que même si je suis dans la voiture d’une personne, que les pub arrivent j’éteins de manière impulsive la radio ( en plus c’est hyper fort, ils augmentent le son, c’est horrible !) Ce n’est pas une réaction mais un réflexe, que je ne contrôle pas ! Et je comprends mieux maintenant grâce à cet article ! Merci Pascal

    1. Sidonie, je vois que tu souffres d’une maladie anti pub :-). Note que c’était juste une illustration pour dire que nous achetons des émotions.
      Je te souhaite de continuer à créer ton bonheur.

  3. Excellent article très complet.
    J’ai adoré : « On se demande d’abord si c’est bon pour la bouche. » et « on achète d’abord des émotions ». En fait, c’est ce qu’on m’apprenait en psycho (un débouché de la psycho, c’est la pub bizarrement).
    C’est tellement vrai.
    Merci pour tous ces renseignements bien utiles.

    1. Merci pour ton retour. Je suis ravi que ce contenu t’ai pas rencontré et parlant.

  4. Incroyable la manipulation dans les publicités où effectivement on a l’impression d’acheter du bonheur…
    Mais du coup j’ai trouvé la solution, je ne regarde plus la télé !
    Et pour les autres pubs, j’ai l’impression que mon cerveau les occultes!

    1. Bravo de parvenir les plus regarder la télé. Ça fait longtemps que je ne le fais plus. C’est la raison pour laquelle je recommande le streaming avec des plates-formes de Type Netflix ou autres. C’est parce que l’on paye que l’on peut être dispensé de publicité. Et franchement, ça fait du bien de réduire l’impact de la manipulation.
      Ce qui compte vraiment pour moi, c’est que l’on cherche à réduire cet impact de la manipulation dans notre relation quotidienne avec les gens qui nous entourent comme avec les choix que nous mettons en place.

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