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Saisir l’occasion de muscler son cerveau
Vous avez le désir d’arriver à accepter davantage les remarques, les critiques, les avis différents des vôtres sans vous sentir rejetés. Vous êtes au bon endroit au bon moment avec ce podcast. Comment modeler son cerveau à l’acceptation ?
Je ne sais pas comment s’est passé votre été. Le mien s’est passé magnifiquement. J’ai pu profiter d’endroits sublimes, faire de la randonnée en montagne, ce que j’aime particulièrement. Je trouve que l’immersion en nature me fait un bien fou. Et puis, j’ai été beaucoup inspiré pendant mes immersions en nature.
Evidemment, je me suis aussi amusé, comme vous l’avez vu pendant tout l’été, avec les jeux-exercises que je vous ai proposés. Ave le défi de vous proposer de quoi vous amuser pendant l’été pour mieux vous découvrir en deux minutes. Je voulais que vous continuiez à vous développer sans avoir à chercher à apprendre quelque chose ou à comprendre quoi que ce soit. Juste expérimenter le plaisir d’être ensemble.
Un cadre, la paix
D’ailleurs, la semaine dernière, j’ai été invitée chez des amis qui vivent dans les hauteurs d’un village non loin de Marseille. Quand on arrive chez eux, on a l’impression d’être dans un coin de paradis. C’est un cadre magnifique avec une vue imprenable. D’ailleurs, ils m’ont dit « on a acheté la vue », je vous assure. Quand on est chez eux, on a l’impression d’être coupé du monde ; une vue sur la vallée, sur les montagnes, notamment sur la montagne de Marcel Pagnol ; Le Garlaban.
Pour dire vrai, j’étais là à me dire que c’est un privilège, une grâce d’être là, posé dans ce paysage, avec le son de la petite fontaine qui a rythmé la journée au bord de la piscine. Vraiment un plaisir considérable.
La discussion de renforcement
Et parmi les nombreuses discussions de la journée, est venue un échange autour des podcasts Heureux au présent. Dans toute ça, nous avons évoqué les exercices-jeux, proposés pendant tout l’été. À ce propos, je mentionnais que le dernier jeu posté était le jeu des opposés. Dans ce dernier, une personne tirait une question dans un panier. Elle prenait quelques minutes pour préparer des réponses avant de les présenter.
Son auditoire, qu’il soit membre de sa famille, des copains, des collègues, des amis, des voisins devait l’écouter en silence. Puis, après l’exposé de ses idées, la personne était invitée à entendre les avis opposés aux siens.
En fait, le principe est que toutes les personnes qui entendent doivent adopter une posture d’opposant. Personne ne pouvait donc être d’accord avec ce qui avait été dit. Mieux encore, je demandais que les avis différents soient étayés.
Or, j’ai trouvé un véritable intérêt à ce que j’expliquai dans le regard de Gaby, mon hôte. Il me disait que ce jeu lui en rappelait un autre. Il me dit « ce jeu est super et tu sais que moi, en tant que formateur en unité de commandement dans l’armée, que ce soit en France ou à d’autres endroits de la planète, on jouait à ce jeu-là avec en plus un enrichissement qui consistait à inviter la personne qui avait reçu les avis opposants à s’exprimer ensuite…». Permettez-moi de créer un peu de suspense pour vous donner la suite du propos de Gaby la semaine prochaine quand j’aborderai « Comment tirer profit des avis contraires ».
Accepter l’opposition s’apprend
Je voudrais m’arrêter d’abord sur ce premier élément qui est de prendre conscience que l’on n’a pas suffisamment d’entraînement pour accepter l’opposition de manière apaisée.
Évidemment, combien de fois ai-je entendu des personnes me dire qu’elles se sentent repoussées, dénigrées, mises à l’écart ou rejetées parce qu’untel a dit ça, qu’untel a dit ceci… Par exemple, on fonde ces impressions parce que :
- On n’a pas retenu son idée parce qu’au travail quelqu’un a critiqué son boulot,
- Son dossier ou sa méthode de travail,
- Le conjoint estime que la manière dont il ou elle s’y prend n’est pas adaptée ou ne correspond pas à ce qui était attendu,
- Les parents critiquent le lieu de vie ou l’orientation choisie que ce soit sur le plan spirituel, professionnel, social,
- La manière d’éduquer les enfants est mal perçue par les grands-parents,
- On a des potes ou des connaissances, parfois même des frères ou des sœurs qui ne partagent pas telles ou telles directions, telles ou telles positions…
…et qu’on a des blessures qui sont consécutives à ce genre d’expériences qui peuvent parfois participer à nous abîmer.
Et on en est arrivé à la croyance que si quelqu’un n’est pas d’accord avec nous, il est un opposant, finalement. Il est forcément dans le camp adverse.
Je peux m’entendre penser que s’il n’est pas d’accord avec moi, il s’oppose à moi, il me rejette, il me met à l’écart, il me repousse.
La prise de conscience fondamentale
Et j’aimerais que l’on prenne d’abord conscience que cette manière de dire les choses est vraie. Elle l’est pour nous. Et bien souvent, il est vrai que c’est ça qui nous pose problème. En effet, l’essentiel de cette manière d’interpréter les choses est fondée sur de l’interprétation. Ce que nous pensons est vrai pour nous parce que nous l’interprétons selon nos grilles d’analyse.
Baisser l’auto-jugement
Devenant conscient de cette réalité, nous pouvons commencer par ne pas minimiser l’impact que peut avoir cette manière de voir les choses sur nous. Ça ne veut pas dire que, voyant les choses ainsi, tu es bête. Tu le vis comme ça parce que ça fait écho à une souffrance. Il y a une résonance avec une expérience passée qui fait que tu interprètes le fait que la personne a dit qu’elle ne voulait pas t’embaucher comme du rejet.
Des interprétations variées existent
Il est indéniable que tu pourrais l’interpréter comme une opportunité en te disant, « s’il ou elle ne m’embauche pas, eh bien ça veut dire que je trouverai mieux ailleurs ». On se raconte toujours une croyance sans fondement, à vrai dire. Il peut donc s’agir d’une salade, d’un mensonge.
Salade ou interprétations différentes ?
Cela dit, ça peut être une autre interprétation. C’est juste ça que je veux souligner.
Peut être qu’on pourrait l’interpréter autrement en disant, « s’il ne m’embauche pas, c’est que…
- Je ne suis peut-être pas encore prêt pour…
- Je devrais peut-être manœuvrer autrement ma stratégie de présentation pour l’entretien d’embauche à venir.
- Etc.
L’ouverture à la pluralité
Et on pourrait mettre comme cela en évidence un certain nombre de postures intérieures qui seraient des croyances toutes relatives, attachées à des croyances, à des modes de pensée qui seraient toutes des interprétations.
En conséquence, premièrement, avant de poursuivre, je voudrais qu’on se dise, « quand je me sens rejeté, repoussé, dénigré, mis à l’écart, que j’ai l’impression qu’on s’oppose à moi, etc., d’abord, je prends conscience qu’il s’agit d’une interprétation.
1. La prise de conscience
D’ailleurs, la prise de conscience est le premier outil que je propose pour savoir comment moduler son cerveau à l’adaptation. La prise de conscience. Prendre conscience de mes pensées, de mes émotions, de mes réactions sans les juger. La prise de conscience, c’est le jeu de la prise de connaissance de soi.
J’identifie ensuite les schémas de pensées négatives, les moments où je ressens, etc. Dans le même temps, je note mon envie de lutter contre ce qui se passe. J’en prends connaissance encore, sans jugement. C’est vraiment le premier pas nécessaire vers le changement. C’est cette prise de conscience.
Parfois, certaines personnes me disent, « mais voilà, j’en ai déjà conscience, donc c’est déjà important. Ça veut dire que c’est déjà beaucoup ». Personnellement, je ne veux pas évaluer ce beaucoup, mais la prise de conscience demeure fondamentale. On ne change pas sans prise de conscience.
Un bon départ ne présage pas de la victoire
Seulement, la prise de conscience est un premier pas de changement, mais il n’est pas tout le changement. Je rappelle que j’ai abordé ça dans un podcast que j’ai enregistré dans un cadre magnifique, comme j’aime à le dire, en bord de mer, avec les rochers derrière et qui s’intitule « Est ce que changer prend du temps ? ».
J’explique que la prise de conscience, qui est la toute première démarche du changement, est immédiate. Et puis je vous donne les éléments pour comprendre si changer prend du temps. Cliquez sur le lien pour profiter de ce podcast vidéo (existe aussi en version audio).
Donc déjà, comprendre que la prise de conscience est première et fondamentale. Elle est indispensable. On ne peut pas changer sans prise de conscience. Il n’y a aucune raison de changer si je ne suis pas conscient de ce que je fais déjà.
Pour choisir de changer, il est nécessaire d’avoir une photo de ce que je fais, de manière de penser, de voir les choses. C’est la raison pour laquelle la prise de conscience est considérée comme étant première, fondamentale. Prenez alors conscience de vos pensées, de vos émotions, de vos réactions, sans les juger. J’insiste bien sur cette dimension-là.
Nous sommes fidèles à nous-même
Et comme nous avons tendance à vouloir nourrir nos propres convictions (le problème du cercle vicieux), nous avons horreur de vouloir nourrir une pensée contraire à celles que nous avons déjà.
Observer ses pensées et croyances
Qui plus est, on se complaît et on s’auto-valide par des expériences antérieures dans lesquelles on s’est convaincu que ce que l’on croyait était pertinent. Du coup, dans cette prise de conscience où l’on va observer ses pensées et ses émotions, on va aussi observer ces croyances en se disant, « voilà ce que je crois à ce sujet. Pour ma part, quand quelqu’un me dit qu’il n’est pas d’accord avec moi, il me repousse. C’est ce que je crois ». Une fois ce postulat posé, je peux m’interroger. Pourquoi je crois cela ?
Et j’ai envie de vous poser une question peut être un peu déroutante, à savoir, « qu’est ce qui m’arrange en croyant que quand quelqu’un n’est pas d’accord avec moi, il me repousse. Quel(s) avantage(s) est-ce que je trouve à croire ça ?
Apprécier de se sentir rejeté ! Du masochiste
Je vous renvoie vers un podcast « Nous agissons toujours par intérêt ». En réalité, si nous vivons cette croyance que quand quelqu’un n’est pas d’accord avec nous, il nous repousse, c’est parce qu’elle nous arrange, cette fameuse croyance. Nous tirons bénéfice de nos propres croyances. Cela signifie que si nous avons le sentiment d’être rejetés, nous y trouvons un intérêt.
Certains me diraient « mais ça ne va pas, Pascal. Qu’est-ce que tu racontes ? Est-ce que je pourrais tirer un bénéfice à avoir le sentiment d’être rejeté ? Vraiment ? Dis-moi oui ou non ? ». En un mot, je réponds oui.
Alors ça vous paraît peut-être déroutant, mais je ne peux pas vous répondre autrement que par oui. Si vous n’y voyiez que des inconvénients, vous ne vous sentiriez pas rejeté. Vous choisiriez une autre option. Vous ne vous sentiriez pas dénigrés ni mis à l’écart à moins que quelqu’un formule explicitement « Pascal, vu ce que tu as fait ou dit, nous choisissons de te mettre à l’écart » . Là, je n’ai pas l’interprétation à faire jouer. Je suis face à des faits explicités. La personne m’a dit in extenso « je choisis de te mettre à l’écart ».
Ainsi, si l’on ne m’a pas dit « je te demande de partir parce que nous te mettons à l’écart », tout ce que je vis reste une interprétation. Même si l’on me demande de partir parce qu’on ne supporte pas mon attitude, ce serait abusif de juger d’une mise à l’écart. Cela pourrait être une prise de distance pour prendre du recul, voir quelle décision envisager. Un moyen de faire refroidir la situation, la regarder sous un autre angle, voyez-vous ?
C’est pourquoi on n’est pas nécessairement dans un rejet, dans une mise à l’écart, dans un renvoi dans mes pénates même quand on a l’impression que c’est le cas.
La conclusion trop généralement hâtive
Cette affirmation me permet de rappeler l’importance de notre propre responsabilité dans notre prise de conscience. Parce qu’elle est salvatrice cette prise de responsabilité. Je suis conscient que c’est mon interprétation. Par conséquent, dans cette première phase de la prise de conscience, j’agirai en maturité.
Cela évitera de glisser, comme presque « naturellement » vers le fait que comme on n’a pas pris ma candidature, on n’a pas accepté mon idée, on a critiqué mon travail ou mon action, on m’a fait des remarques ou des reproches, j’ai le sentiment de ne pas être accepté et, parfois, généralement synonyme, de ne pas être aimé. Une conclusion généralement hâtive.
D’ailleurs, il arrive fréquemment que des personnes me disent, « je vois bien que mon chef ne m’aime pas » et à moi de leur dire « est-ce qu’une des missions de ton chef est de t’aimer ? Non ! Il est attendu qu’il collabore avec toi sur le plan professionnel. Il n’est pas un ami, un amant ou un amour. Donc on est dans une confusion, parfois même au niveau professionnel, avec cette dimension-là qui nous fait glisser vers « je ne vaux rien » ou « je vaux moins que…» ou encore « je suis nul », ou « je suis incapable ».
Une esquive pour valider une croyance
Il faudrait qu’on entende que cette démarche consistant à se dire « je ne suis pas accepté, pas aimée, je ne vaux rien, et cetera » constitue une esquive pour valider une croyance.
À partir du moment où quelqu’un n’est pas du même avis que nous ou ne veut pas la même chose que nous, ne veut pas ce que l’on veut, le fait de l’adosser à du rejet est une stratégie d’évitement.
On esquive donc dès qu’on se retrouve devant une situation comme celle-là, on vise alors la conclusion hâtive. Or, vous imaginez que jusqu’à la fin de vos jours, vous rencontrerez des personnes qui ne seront pas d’accord avec vous. Combien n’accepteront pas ce que vous proposez ? Voudraient-elles toute vous dire que vous ne valez rien, que vous valez moins que quelqu’un d’autre, que vous êtes nul ou incapable ? Ce n’est pas ce qu’elles veulent vous dire et vous le savez.
Et si elles voulaient juste vous dire qu’elles ne sont pas d’accord, qu’elles ne partagent pas votre avis, qu’elles ne peuvent pas soutenir votre position, sans que vous en concluiez qu’elles ne vous aiment pas ?
Evitons la confusion des genres
Comprenez, ce n’est pas parce que quelqu’un n’aime pas votre cuisine que vous êtes mauvais cuisinier ou que vous ne valez rien. Ni même que vous êtes nul en cuisine.
Si vous sentez que vous glissez naturellement dans cette direction, c’est que vous êtes en train d’utiliser une esquive pour un valider une croyance. Exiger que les gens aient les mêmes goûts, les mêmes avis que vous serait abusif, totalitaire même. Vous comprenez combien cela n’a pas de sens le plan rationnel.
La vie est donc faite de rencontres dans lesquelles il est tout à fait normal, acceptable, entendable, naturel que des personnes aient des avis différents sans que ce soit synonyme de rejet, de refus, de non-acceptation, de non-amour, de baisse de valeur ou de perception de capacités limitées.
L’appauvrissement personnel
Vous pouvez constater cette tendance naturelle à vouloir s’entourer de gens qui sont d’accord avec nous et qui ne peuvent jamais s’opposer à nous. Si vous fréquentez quasi-uniquement des gens qui vous ressemblent (quand je parle de personnes qui vous ressemblent, il est bien entendu question de personnes qui sont d’accord avec vous, qui ont les mêmes goûts que vous, qui fréquentent les mêmes lieux que vous, qui ont les mêmes aspirations, les mêmes rêves, qui font partie du même bord politique ou qui ont des moyens financiers identiques aux vôtres, les mêmes manières de dépenser), vous vous êtes installé dans un appauvrissement. Un véritable appauvrissement de personnel.
On s’enrichit de la différence, on s’enrichit de personnes qui ne voient pas les choses comme nous, qui ont un autre point de vue et, qui plus est, quand on arrive à le vivre, ont des avis même très divergents. On comprend que ce n’est pas pour autant qu’elles sont bêtes, limitées, incapables, qu’elles ne valent rien ou qu’elles sont nulles. Leur intelligence reste à nos yeux tout à fait complète sans l’once d’un soupçon de limitation mentale.
C’est la raison pour laquelle, dans le jeu des opposés, je vous ai proposé de présenter un sujet devant une assemblée, un groupe, des amis, des copains, des voisins et à le faire en vous préparant à ce que 100 % des personnes qui seront devant vous s’opposeront à vous. Vous pouvez faire ce jeu avec des copains, des amis, des voisins, même des collègues.
C’est la rentrée. Vous pouvez donc le vivre dans un afterwork, sur le comptoir ou sur la table et dire « Allez, c’est parti ! On se prend quelques minutes, chacun tire un petit papier et après une minute ou deux, présente son avis avant que tout le monde s’y oppose. On est d’accord, on y va ? ».
Note bien utile sur l’opposition
Bien évidemment, l’opposition ne consiste pas à critiquer la personne mais à critiquer sa position. Et si vous vous habituez à vivre l’opposition, à avoir des personnes qui ne sont pas d’accord avec vous en bienveillance, parce que vous vous êtes amusé à ça, vous pouvez aussi, en dehors de ces jeux, vous retrouver avec des personnes qui ne sont pas d’accord avec vous en entendant penser « ce n’est pas parce qu’il n’est pas d’accord avec moi qu’il est bête, qu’il n’est pas intelligent ou qu’il vaut moins que moi. Ce n’est pas parce que je ne suis pas d’accord avec lui que je vaux moins que lui, que je suis bête ou pas intelligent. On peut être en désaccord sans pour autant qu’il soit question de supériorité ou d’infériorité relationnelle ».On peut avoir plusieurs points de vue et s’en enrichir. Donc entraînez-vous à ça.
À ce stade, il me reste deux étapes à vous présenter.
2. Pratiquer la pleine présence
Après la prise de conscience, c’est la pratique de la pleine conscience. C’est-à-dire que quand vous êtes en échange, au delà du jeu que je vous ai présenté, vous viviez des pages de votre journée en pleine présence. Ceux qui ont écouté ce podcast savent que je préfère parler de pleine présence à la place de pleine conscience.
Donc imaginons que vous êtes à la boulangerie, à patienter dans la queue avec quelqu’un à côté de vous. Là, vous avez l’impression que cette personne pose un regard dénigrant sur vous. Peut-être est-ce sur votre tenue vestimentaire ou autres, je vous laisse imaginer.
Vous choisissez de ne pas l’interpréter comme du dénigrement. Si aucun vous ne pouvez démontrer un discours de dénigrement explicite, partez du principe que ce n’est pas du dénigrement, du rejet, du jugement, etc. Personne ne vous repousse, ne vous met à l’écart, ne vous considère comme étant minable ou moins que rien.
La joconde prend la parole
En vous disant ça, je pense à un des tableaux le plus célèbres du monde ; la Joconde de Léonard de Vinci. Pourtant, des personnes n’aiment pas la Joconde, comme cet homme qui l’a entarté en 2022. Est ce que ça remet en question sa valeur artistique ? Pas du tout. Est-ce que ça baisse sa cotation financière si l’on devait la vendre aux enchères ? Pas du tout. Le site France estimation l’évalue actuellement entre 1 et 2 milliards d’euros. Cela dit, cette toile ne pourrait être vendue sans que cela loi sur l’appartenance des biens d’une personne publique ne soit modifiée.
Ce tableau reste parmi les plus regardés et convoités. C’est ce qui explique le système d’alarme complexe considérable pour éviter qu’il ne revive l’escapade italienne qui a donné des sueurs froides à la France.
L’opposition serait-elle naturelle ?
L’illustration autour de cette pieuvre d’art peut nous aider à entendre que l’adulation et les oppositions à son sujet sont naturelles. Notre environnement serait pré-construit pour que nous vivons des oppositions. Il n’y a donc pas de mal quand on s’oppose à nous. Et, encore une fois, si vous choisissiez de vous opposer à quelqu’un, faites-le avec bienveillance en vous disant, « en fait, quand je dis ne pas être d’accord, ou que je ne vois pas les choses comme toi, ce n’est pas que je m’oppose, c’est que je vois les choses différemment ».
D’ailleurs, parfois, on aime dire moi « j’entends ce que tu dis, mais moi, je ne vais pas du tout dans cette direction, j’irais dans la direction opposée ». Mais, comment connaître la direction opposée d’un point de vue, concrètement ?
Déjouer le piège de l’opposition apparente
Dans certains cas, on peut la connaître. Par exemple, sommes-nous d’accord pour l’égalité salariale homme-femme dans une entreprise avec qualification et ancienneté égales ? Certains diront oui. Si quelqu’un dit « moi, je ne suis pas du tout d’accord « , c’est alors facile de comprendre qu’il s’oppose, et encore ! J’aurais besoin qu’il développe sa pensée pour savoir ce qu’il veut réellement dire par là. Parce qu’il est possible, qu’a priori, j’ai l’impression qu’il s’y oppose alors qu’en l’entendant, je me rende compte qu’on est dans le même bateau et qu’il apporte juste quelques nuances.
3) Compassion et gratitude
J’ai dit quand même qu’il est possible qu’il s’y oppose vraiment et qu’on ne soit pas du tout d’accord. Mais je ne pourrai le savoir que si je lui tends le micro. Je vous propose de tendre le micro aux personnes qui apparemment s’opposent à vous, ou au moins qui ne sont pas du même avis que vous. Et faites-le avant d’envisager de vous sentir rejeté, surtout si elles ne l’ont pas formulé. Tendez-leur le micro pour savoir ce qu’elles veulent vraiment dire. Par exemple, « comment vois tu les choses alors ? ».
Accepter le droit d’exister à l’opposition
C’est une manière de développer la compassion, de développer la gratitude, l’attention à l’autre, une attitude de bienveillance envers l’autre pour lui permettre d’avoir le droit d’exister.
Finalement, je reconnais ton droit à exister. Ce n’est pas moi qui lui donne le droit d’exister, bien entendu, mais je reconnais son droit d’exister.
Résumons :
1) La prise de conscience
Premièrement, je prends conscience que ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas d’accord avec moi ou parce que quelqu’un a des propos qui ont une forme de rejet, de mise à l’écart, qu’il est en train de me rejeter ou de me mettre à l’écart ou de me dénigrer.
Je prends conscience qu’il s’agit là de mon interprétation. Je peux aller plus loin en lui posant la question « est ce que tu veux vraiment me dénigrer ou pas ? Mais tant que ce n’est pas le cas, je prends conscience qu’il s’agit de mon interprétation.
2) La pleine présence
Ensuite, je pratique la pleine présence en étant là, dans l’instant présent, au-delà du jeu des opposés que je vous ai présenté la semaine dernière. Je vous recommande encore aujourd’hui de jouer à ce jeu. Entrez dans des situations de vie dans lesquelles vous vous dites « je vais être en pleine présence dans ce que je vais vivre-là parce qu’il me semble percevoir une forme d’opposition. J’ai conscience que c’est mon interprétation, donc je vais poser des questions pour essayer de comprendre ce qui se passe, comment la personne voit les choses ».
3) Compassion et gratitude
Et là, je suis dans la troisième phase qui est la phase de la compassion et de la gratitude. Je vais aller prendre la température et permettre à l’autre de s’exprimer pour m’enrichir et nous enrichir dans cette phase d’opposition.
Je vous demande vraiment d’entendre que, dans cette démarche-là, il y a un amour pour soi-même qui se développe autant qu’il y a un amour pour l’autre.
- L’amour pour soi se développe dans la mesure où, au lieu de crier « aïe » alors que l’autre ne nous a pas frappé, je vais changer mon interprétation ou ouvrir mon interprétation à de plurielles interprétations. Grâce à cela, je souffrirai bien moins que si je n’ai qu’une mono interprétation du genre « Ça ne peut être que ça ».
- Si je me ferme dans une seule interprétation (qui plus est la mienne), je prends conscience que je passe à côté de nombreuses autres facettes de la situation. Faire cet exercice correspond à de l’amour de moi et l’amour vers l’autre.
Illustrons ce propos par l’exemple d’un discours vers l’autre : « Tu as le droit de penser autre chose, de voir les choses autrement, d’exprimer ton avis comme j’ai exprimé le mien et j’aimerais chercher à comprendre ta posture. Ça ne veut pas dire que je vais la comprendre. Mais je vais chercher à comprendre pour m’enrichir sans obligation de la valider. Parce que si tu as un avis, c’est forcément qu’en être intelligent, ton avis a raison d’exister ».
Inscrivez-vous dans cette première démarche égocentrée d’amour pour soi. Ensuite, aimez l’autre dans un altruisme d’ouverture vers son droit à d’exister et à penser différemment, à être différent.
J’ai conscience que je m’enrichis dans l’opposition. Et grâce à un travail d’acceptation personnel, je module mon cerveau vers l’acceptation.
Une pratique transportable dans toute relation
On peut travailler ça au boulot, avec son conjoint, avec ses enfants, avec ses parents, avec son frère ou sa sœur. Et puis progressivement, on va travailler cette pleine présence dans des domaines variés, en ajoutant d’autres dimensions relationnelles pour vivre l’acceptation, la modulation du cerveau vers l’acceptation.
Mon carton d’invitation
Je voudrais terminer en vous invitant à avoir à l’esprit l’image d’un sport. Quand vous entendez de l’opposition et pratiquez ce que je vous présente aujourd’hui, comprenez que c’est l’équivalent de la musculation cérébrale. Plus vous vous entraînez à l’acceptation à partir du jeu des opposés, mais aussi dans des situations de vie personnelle, et plus vous aurez la capacité à moduler votre cerveau vers l’acceptation.
Plus vous augmentez la capacité à moduler votre cerveau vers l’acceptation et plus vous vivrez heureux, serein, dans le lâcher prise, dans une relation apaisée avec vous comme avec les autres. J’y ajoute un enrichissement qui ira grandissant.
Vraiment, je vous souhaite de pratiquer cela pour votre bonheur à vous, afin de vivre votre vie en mieux.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine.
Bye bye !
Je suis bien d’accord avec toi !
On confond être critiqué sur son propos et être critiqué sur sa personne.
Bien entendu, la prise de conscience et l’auto analyse permettent d’avancer sur ce biais !
En effet, Luc, la confusion des genres nous conduit à des difficultés émotionnelles.
Comment parviens-tu, dans ton expérience, enfin la nuance entre les deux ?
Merci Pascal pour ce super article! Je vois à quels endroits de moi il est difficile parfois d’accueillir l’opposition et je m’en fait à présent une joie de la débusquer dans mon quotidien pour me mettre dans une posture d’observatrice et tranquillement rentrer dans ce jeu pour en sortir bien plus riche! Merci beaucoup!
Waouh ! Je suis ravi de te lire Flore. Ravi que tu ai choisi de mettre en pratique la capacité à se placer en observateur de ce qui se vit plutôt que deux si imaginer en punching ball. Toute la perspective s’en trouve changée, évidemment
Nous vivons dans un monde immense et nous sommes tellement nombreux que si nous étions tous pareils, ce serait très ennuyeux. Il y a autant de différences qu’il y a de personnes. Nous sommes tous différents et avons des opinions différentes, mais cela ne nous rend pas anormaux. Nous devons accepter nos différences. Et aujourd’hui, je viens de lire quelque chose de très intéressant sur ce sujet : lorsque nous apprenons des mêmes sources et ressources, nous limitons notre curiosité. La curiosité aléatoire, c’est lorsque vous apprenez régulièrement et intentionnellement auprès de nouvelles personnes et dans de nouveaux endroits. Chaque semaine, accomplissons un acte de curiosité aléatoire, stimulant ainsi une nouvelle façon de penser. Cela peut-être nous aidera à mieux accepter quelqu’un qui n’est pas du même avis que le nôtre. Merci de m’avoir fait réfléchir à ce sujet, ça m’a aidé aussi !
J’aime quand tu écris «si nous étions tous pareils, ce serait très ennuyeux ». Le paradoxe évident est poutant que la prise de conscience de cette réalité ne nous empêche pas d’avoir une réelle difficulté à vivre les avis contraires en toute sérénité.
Quand tu invite à ce que «Chaque semaine, accomplissons un acte de curiosité aléatoire, stimulant ainsi une nouvelle façon de penser », il s’agit d’un exercice que j’encourage à mettre en place sans en minimiser la difficulté.
Le meilleur moyen de le mettre en pratique est de prendre le temps d’écrire une trentaine de croyances avant de se lancert. Ensuite, choisir de travailler ces croyances les unes après les autres, semaines après semaines, en posant des actes concrets. Ce sera une façon de voir et d’expérimenter les changements opérés dans notre quotidien en ayant modifié une seule croyance.
Merci pour cette super idée de jeu des opposés, je vais la proposer dès aujourd’hui à mes filles, ça sera très enrichissant et ça leur fera gagner du temps. Je me souviens de ma prof de philo de terminale qui, pour résumer, nous avait expliqué que lors d’une discussion le but est que si une personne pense A et la seconde pense B, l’idée en mettant en commun ses idées est d’arriver à C. Ça avait transformé ma manière de penser et calmé ma susceptibilité.
Alors qu’il est, tu devrais déjà avoir soumis les exercices à tes filles puisque ton commentaire date d’hier. Je suis vraiment intéressé de savoir comment vous avez vécu cet exercice–jeu.
Pour reprendre ce que ta prof de philo vous faisait vivre, je le trouve intéressant. Cela dit, tu verras dans le podcast de la semaine prochaine que l’objectif n’est pas réellement d’arriver à un nouveau point de vue, sous-entendant l’abandon de la manière de penser initiale. Nous ne fonctionnons pas ainsi en réalité. Nous pouvons rester attaché à nos postulats de départ sans que cela ne s’oppose à l’enrichissement de l’échange. Je prône le non-abandon des idées de départ, pas de dépouillement, de supériorité d’idée ou toute posture pouvant s’y apparenter. Mentalement, abandonner est trop proche de « perdre ». Je préfère que l’on acquière plus que l’on abandonne. On pourrait emprunter à l’image de la rénovation d’un bâti. On n’abandonne pas l’édifice pour en ériger un nouveau. On bonifie l’existant à partir de matériaux extérieures, étranger à l’édifice de départ.
Tu vois bien que j’opte immanquablement pour un enrichissement de la manière de penser de A et de B. En conséquence, cela ne donne pas C. Cela équivaudrait à un effacement de A et B. Par contre, cela pourrai donner A’ et B’ ou encore A », B », ou encore A »’ et B »’ etc. En somme, une « augmentation » des deux protagonistes en présence.
tu as raison quand tu parles d’appauvrissement personnel quand on s’entoure uniquement de personnes ayant le même point de vue que nous – même si je dois avouer que je ne l’avais encore jamais vu de cette manière. finalement, il faut sortir de sa zone de confort pour évoluer, peu importe s’il s’agit de repousser des limites physiques, de surmonter ses peurs ou, dans ce cas ci, s’affronter à des opinions opposées des nôtres. Moi qui a dû mal a accepter de la critique, je vais avoir du boulot 😀
J’aime beaucoup que l’on reconnaisse que j’ai raison. :-).
En effet, « sortir de sa zone de confort » est une pensée très à la mode. Seulement, elle est rarement employée quand il est question de rencontrer des avis différents. Or, il s’agit d’une dynamique qui a tout à fait sa place ici.
Si tu as du mal à affronter des opinions opposées, tu peux pratiquer l’exercice suivant :
Demander aux gens de lister tes qualités, tes limites, tes défauts, les axes de progression de ce qu’ils estiment être des limites et des défauts.
Engage-toi à recevoir tout cela sans chercher à corriger les avis, mais en posant uniquement des questions d’éclaircissements pour mieux comprendre ce qui est exprimé.
Amuse-toi bien.
Top cet article
La puissance de l’acceptation face à une situation/ un propos n’est pas négligeable. La médiation a vraiment du bon et oui il est important de differencier le rejet de soi, et le rejet de ce que l’on dit.
Se confronter aux autres c’est une manière de grandir 😀
Merci pour ton travail
Merci Flo ! Je te rejoins tout à fait, quand tu écris « se confronter aux autres, c’est une manière de grandir ».
Je préciserai que ce qui compte et de grandir à ses propres yeux. Que l’on se fiche complètement de grandir aux yeux des autres. 🙂